Grevue de presse : Les 12 infos de juin

05/06/2023
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Vous ne lisez pas le Dauphiné Libéré, mais les infos marquantes vous intéressent ?

Chaque mois, le média ici Grenoble vous propose la ''Grevue de presse'', une sélection d'infos courtes et percutantes glanées dans la presse locale ou dans nos réseaux.

Au menu de juin : un gendarme néonazi en Isère, la clinique mutualiste sous tutelle, un congé menstruel à Seyssinet, le relogement de Solidarité Femmes Miléna, un appel du Tichodrome, des Cacatovs à Grenoble, la nappe toxique sous Grenoble...

Bonne lecture !

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UN GENDARME NÉONAZI EN ISÈRE

Il s'entraînait à l'arme automatique dans une forêt de Seyssinet... Dans quelques jours, un gendarme néonazi Isérois sera jugé à Paris, dans le cadre de l'affaire WaffenKraft.

Tout commence en 2018, lorsqu'une société de produits chimiques alerte la police sur une commande de produits pouvant servir à l'élaboration d'engins explosifs. Le client ? Un gendarme Isérois de 22 ans, affecté quelques temps à Montbonnot-Saint-Martin. À son domicile, on découvre des kalachnikovs, des munitions abondantes, un laboratoire de fabrication de bombes. Sous le pseudonyme FrenchCrusader, il déversait sa haine des musulmans, des Juifs et des "traîtres à l'Europe ancienne" sur des forums néonazis. Avec son groupe, il projetait d'organiser une tuerie de masse pour venger les victimes des attentats de Paris et de Nice.

Combien y-a-t-il d'autres nénonazis en Isère ? Combien sont inscrits comme ce gendarme à un club de tir sportif ?

Pour d'autres infos glaçantes sur l'affaire WaffenKraft, nous vous recommandons un article de Politis : Le projet terroriste d’un gendarme néonazi.

(Dauphiné Libéré, 12/05/23)

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SOLIDARITE FEMMES MILÉNA RELOGÉE

En 2019, le local de l'association de soutien aux femmes victimes de violences Solidarité Femmes Miléna (alors avenue Marie-Reynoard) avait été incendié par un cocktail Molotov. Le coupable ? Un homme dont la compagne venait de trouver refuge dans un foyer de l'association, après avoir porté plainte pour violences conjugales. L'incendiaire a été condamné à 4 ans de prison ferme.

4 ans, c'est aussi le temps pour que Solidarité Femmes Miléna inaugure ses nouveaux locaux, au 12 rue des Bergeronnettes à Grenoble. L'association rejoint l'immeuble Atmo'Sphere, dédié à l'urgence sociale.

(Dauphiné Libéré, 16/05/23, 29/03/20)

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LA CLINIQUE MUTUALISTE SOUS TUTELLE

Le 23 mai, le tribunal judiciaire a placé le Groupement Hospitalier Mutualiste de Grenoble (GHM) sous tutelle, évoquant un "péril financier imminent". Deux administrateurs provisoires sont chargés de "rétablir la situation financière du GHM" et "relancer les activités en souffrance". Le service des urgences va-t-il enfin réouvrir 24 heures sur 24 ? Il fonctionne en mode dégradé et ferme la nuit depuis décembre 2021.

Rappelons que le groupe privé AVEC a racheté le GHM en 2020. Depuis cette privatisation, AVEC était accusé d'utiliser la trésorerie et les réserves financières du groupe mutualiste pour rembourser ses dettes, à la manière d'une pyramide de Ponzi. En janvier, Bernard Bensaïd, PDG du groupe AVEC et président du GHM, avait été mis en examen pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics.

Les syndicats et les collectifs de patient-e-s espèrent désormais l'annulation du rachat de la Clinique mutualiste et le réexamen du projet de fusion avec le CHU de Grenoble.

Pour beaucoup plus de détails, nous vous recommandons la lettre d'infos de juin du collectif Touche pas à ma MUT.

(Dauphiné Libéré, 24/05/23, 25/05/23, 26/05/23)

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LE TICHODROME CHERCHE DES BÉNÉVOLES

Ça vous dirait de prendre soin d'animaux sauvages blessés cet été ? Le Centre de sauvegarde de la faune sauvage de l’Isère, le Tichodrome, cherche urgemment des bénévoles.

Basé au Gua, près de Vif, le Tichodrome est une structure de soins pour oiseaux et mammifères blessés, avec des vétérinaires et des soignant-e-s. L'année dernière, plus de 1900 animaux ont été recueillis, de 126 espèces différentes. Mésanges, chouettes, hérissons, écureuils, blaireaux, renards...

Les missions des bénévoles ? Nourrir à la main ou à la gamelle les animaux, participer au soin de plaies simples, administrer des médicaments, nettoyer les volières et les milieux de vie, sous l’encadrement d’une personne formée.

Pour plus d'infos et devenir bénévole, c'est ici.

(Dauphiné Libéré, 05/04/23)

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LA GREMORRA CONTINUE

Des coups de feu et des détonations place Saint-Bruno les 14 et 22 mai, un jeune homme blessé par balles puis brûlé vif devant la MJC des Eaux-Claires le 24 mai, un quadragénaire abattu en plein jour près du parc Mistral le 31 mai, trois personnes grièvement blessées lors d'une fusillade le 6 juin à la Villeneuve...

Rares sont les semaines à Grenoble sans scènes tragiques rappelant la série Gomorra. On est encore loin des 20 à 30 morts par an à Marseille. Mais ici comme ailleurs, la guerre du deal est là.

Tout ça pour qui ? Le procureur de la République de Grenoble a récemment livré quelques chiffres : l'agglomération compterait quatre ou cinq "gros trafiquants" chapeautant les principaux réseaux, une dizaine de chefs de points de deal, 500 à 1000 approvisionneurs, revendeurs et guetteurs.

Qui utilise ce trafic ? 10 000 à 20 000 Grenoblois-es consommeraient régulièrement du cannabis, 1 000 à 2 000 de la cocaïne, pour un chiffre d'affaires total de 20 à 25 millions d'euros chaque année. Ces chiffres sont proches de ceux d'une grande surface. Le commerce de la drogue est comme un grand magasin invisible réparti sur toute l'agglomération. Un magasin qui génère plusieurs assassinats par an, parmi les populations les plus défavorisées.

Pour une approche sociologique et structurelle de la drogue, loin des clichés, nous vous recommandons les enquêtes passionnantes de Philippe Pujol sur Marseille (dont le livre French deconnection) et tous les ouvrages de Roberto Saviano.

(Dauphiné Libéré, 15/05/23, 24/05/23, 01/06/23, 03/06/23, 06/06/23)

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UN CONGÉ MENSTRUEL À SEYSSINET ?

Seyssinet-Pariset sera-t-elle la première commune à mettre en place un congé menstruel en Isère ? Le conseil municipal a voté l'expérimentation d'un congé spécial et/ou d'un aménagement des postes de travail pour les femmes souffrant de règles douloureuses ou de pathologies particulières.

Concrètement, quelles seront les mesures appliquées dans cette ville où 70% des employé-e-s municipaux sont des femmes ? Un jour de congé mensuel non cumulable ? La possibilité de télétravailler en cas de règles douloureuses ? Les modalités pratiques sont en cours de discussion.

Rappelons qu'en février dernier, l'Espagne est devenue le premier pays d'Europe à autoriser le congé menstruel : en cas de règles douloureuses, les salariées peuvent se mettre en arrêt maladie, avec l'accord du médecin traitant.

À Grenoble, certaines femmes disposent déjà d'un congé menstruel. Par exemple au Pain des Cairns, la boulangerie bio et coopérative du quartier Saint-Bruno. Depuis 2022, les cinq salariées bénéficient d'un jour de congé payé supplémentaire par mois. Elles peuvent quitter la boulangerie à tout moment, grâce à un système d'astreinte permettant le remplacement immédiat.

Au bar associatif La Bobine, un congé menstruel s'applique aussi depuis fin 2022 : les 10 salariées bénéficient de 12 jours de congés payés supplémentaires par an, à poser quand elles le souhaitent, sans certificat médical.

(Dauphiné Libéré, 26/02/23, 30/05/23)

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DES CACATOVS À GRENOBLE

Le 1er avril, le média ici Grenoble annonçait une conférence sur l'utilisation des Cacatovs à travers les âges (poison d'avril). Un mois plus tard, des policiers grenoblois affirment avoir reçu des bocaux de verre remplis d'excréments lors de la manifestation du 1er mai. Une première depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites...

(Dauphiné Libéré, 04/05/23)

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SOUTIEN À YOVAN ET MATHIEU

En terroriser deux pour les terroriser tous... Lors de la manifestation du 1er mai à Grenoble, Yovan et Mathieu ont été arrêtés, placés en détention provisoire à Varces puis condamnés à 5 mois de prison ferme. Pourquoi ? Que s'est-il réellement passé pendant cette manifestation ? En quoi est-ce un tournant dans la répression à Grenoble ?

Pour un autre récit que celui diffusé dans le Dauphiné Libéré, nous vous recommandons l'analyse et les témoignages diffusés par le Collectif Anti-Répression Isère : Tribunal politique, où va la République ?

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PLUIES PRINTANIÈRES, SÉCHERESSE ESTIVALE ?

Après une sécheresse hivernale faisant craindre le pire pour cet été, les pluies abondantes du printemps vont-elles nous épargner un été catastrophique ?

Selon le BRGM, la situation hydrologique reste très fragile en Isère. Les pluies printanières ont permis d'humidifier les sols secs et de nourrir la végétation. Mais elles ont rarement rechargé les nappes phréatiques. Quelques semaines sans pluie replongeront le département dans un scénario de grande sécheresse. La situation reste cependant contrastée entre les zones de plaines et de montagne : le Nord-Isère manque d'eau, les reliefs sont davantage épargnés.

Rappelons que selon la plupart des climatologues, il faut globalement s'attendre à 20 à 30% d'eau en moins dans les années à venir. Ce déficit impactera aussi les barrages : en 2022, la production d'électricité hydraulique a baissé de 18% en Auvergne-Rhône-Alpes.

Pour suivre de près l'évolution des nappes phréatiques en Isère, c'est ici.

(Dauphiné Libéré, 05/05/23)

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APPEL À DONS POUR "LE 17"

En cas de violence policière, comment déposer plainte ? Comment empêcher un policier sadique de continuer d’exercer ? Comment obtenir une "réparation" sans attendre la fin d'un procès ?

Aujourd’hui en France, il n’existe aucun guide complet pour répondre aux victimes de violences policières et soutenir le travail de leurs avocat·es.

Le média lyonnais Flagrant-déni lance un appel à dons pour les aider à finaliser "Le 17" : un guide pratique et juridique gratuit pour les victimes de violences policières.

Ce guide inédit est le résultat de 4 ans de recherches sur le droit applicable (jurisprudences et notes internes non publiées) et les pratiques policières et judiciaires. Il proposera plus de 100 questions/réponses, des textes précis et sourcés avec un langage clair, des exemples concrets et des schémas explicatifs.

Pour en savoir plus et participer à l'appel à dons, c'est ici.

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L'EAU TOUJOURS TOXIQUE SOUS GRENOBLE

Si nous creusions un puits de 30 mètres dans le centre-ville de Grenoble, l'eau puisée serait-elle potable ? Pourrait-on au moins l'utiliser pour arroser un potager ? Ou pour des brumisateurs rafraîchissants l'été ?

Selon une étude hydrologique menée par Antea Group, la nappe phréatique sous Grenoble est gavée de solvants chlorés et de pesticides d'origine agricole et industrielle. Impossible de l'utiliser pour arroser des espaces verts, remplir une piscine ou tout autre contact avec la peau. Sous Pont-de-Claix et Échirolles, rive droite du Drac, on retrouve même du HCH bêta, un insecticide théoriquement interdit depuis... 1998.

L'une des sources de ces pollutions ? La plateforme chimique du Pont-de-Claix contient une gigantesque décharge de 76 500 tonnes de résidus dont des déblais contaminés au PCB, des terres gavées d'HCH, ou encore 25 000 tonnes de déchets organiques chlorés. Depuis des dizaines d'années, ces substances toxiques s'infiltrent peu à peu dans la nappe, drainées par les eaux de pluie.

Depuis de nombreuses années, l'État demande aux industriels de la chimie, dont Rhodia, d'isoler cette décharge. Les premiers travaux devraient commencer cet été. Coût du chantier ? 80 millions d'euros à la charge des industriels. Selon la Dreal, les travaux pourraient être terminés en... 2029.  Ces travaux seront-ils réellement menés à terme ? Et que fait-on des polluants déjà disséminés partout sous Grenoble ?

Rappelons que selon une autre enquête-choc récemment publiée par Le Monde, la nappe phréatique et les sols de Grenoble sont aussi contaminés par une multitude de polluants dits éternels : des substances per- et polyfluoroalkylées ultratoxiques employées pour fabriquer des plastiques, des peintures, des pesticides, des textiles techniques, etc. Les zones les plus touchées de l'agglomération sont consultables sur une carte interactive.

Comme dans la vallée de la chimie de Lyon, des habitant-e-s de Grenoble vont-ils faire des analyses de sang, découvrir leur niveau élevé de contamination et attaquer en justice les industriels ?

(Dauphiné Libéré, 11/05/23, 27/01/23 ; Le Monde, 23/02/23)

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RETRAITES : ET MAINTENANT, QUE FAIRE ?

Malgré la répression du 1er mai et les grossiers contre-feux médiatiques, 5 000 à 10 000 personnes ont de nouveau manifesté contre la réforme des retraites le 6 juin. Depuis six mois, jamais Grenoble n'avait connu autant de manifestations, autant de monde dans les rues, une telle situation pré-révolutionnaire. La colère est profonde, bien au-delà de la réforme des retraites.

Pour beaucoup d'entre nous, cette colère se mêle d'enthousiasme et d'amertume. L'enthousiasme des rencontres au sein des luttes, de l'élan partagé, du sentiment de force collective, tellement salutaire après deux ans de Covid.

L'amertume aussi : malgré des manifestations énormes, le blocage total et massif du pays n'a pas eu lieu. C'est pourtant la seule stratégie capable de faire plier ce gouvernement. Amertume encore : face à une réforme impopulaire, c'est la gauche qui a porté la lutte, mais c'est l'extrême-droite qui progresse le plus dans les sondages.

Malgré tout, la lutte continue, la révolte est là. Le mouvement social va-t-il survivre à l'été ? Va-t-il repartir de plus belle à l'automne ?

Pour une réflexion sur les stratégies de l'intersyndicale, nous vous recommandons la dernière analyse de Frédéric Lordon : Vouloir perdre, vouloir gagner.

Dans ce contexte politique si sombre, face à un capitalisme de plus en plus autoritaire, mensonger et répressif, face à l'extrême-droite en embuscade, merci à celles et ceux qui résistent, qui manifestent, qui s'organisent, qui ont bloqué, qui ont pris des risques.

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Cette revue de presse vous a intéressé ?

N'hésitez pas à consulter la revue de presse de mai 2023 sur un projet de mégabassine dans le Trièves, des mégapompeurs dans le Grésivaudan, un drone russe "made in Isère", la clinique mutualiste dans une pyramide de Ponzi, la fin de la BAF, le début du BOCAL et plein d'autres infos.

Nous vous recommandons également la revue de presse de mars 2023, sur le congé menstruel à Grenoble, le point sur la ZFE, le boum du vélo, la guerre des puces électroniques, les sabotages contre la 5G et plein d'autres infos.

Nous vous recommandons aussi la revue de presse de février 2023, sur la nappe phréatique toxique sous Grenoble, le boum des maisons secondaires, le lancement de La Nébuleuse, l'expulsion du Chantier de Fontaine, etc.

Nous vous recommandons enfin la revue de presse de janvier 2023, sur les sols dioxinés de Pont-de-Claix et de Jarrie, l'algorithme secret de la CAF Isère, le vote du Métrocâble, les stages d'autodéfense féministe, le bilan de 5 ans de collapsologie à Grenoble, etc.

Vous trouverez par ailleurs dans la revue de presse de décembre 2022 plein d'infos sur la nouvelle Maison des femmes, les leçons de l'explosion à Jarrie, les chiffres méconnus des armes à feu en Isère, la pénurie de sang, etc.

Vous trouverez dans la revue de presse de novembre 2022 le nombre de vegans dans l'agglo, les menaces pesant sur 20 000 arbres à Grenoble, la fin du garage Solidarauto, la face cachée des livreurs à vélo, etc.

Nous vous recommandons enfin la revue de presse d'octobre 2022, sur les menaces sur l'eau potable à Grenoble, la bombe sous le pont de Brignoud, les chiffres de la "Gremorra", les intox sur les fraudes à la CAF Isère, etc.

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