Grevue de presse : Les 10 infos de février

27/02/2023
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Vous ne lisez pas le Dauphiné Libéré, mais les infos marquantes vous intéressent ?

Chaque mois, le média ici Grenoble vous propose la ''Grevue de presse'', une sélection d'infos courtes et percutantes glanées dans la presse locale.

Au menu de février : une nappe phréatique toxique sous Grenoble, la caisse de grève féministe, le boum des maisons secondaires, le lancement de La Nébuleuse et du Bocal, l'expulsion du Chantier de Fontaine, le Mois Décolonial et plein d'autres infos.

Bonne lecture !

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L'EAU TOXIQUE SOUS GRENOBLE

Si nous creusions un puits de 30 mètres dans le centre-ville de Grenoble, l'eau puisée serait-elle potable ? Pourrait-on au moins l'utiliser pour arroser un potager ? Ou pour des brumisateurs rafraîchissants l'été ?

Selon une étude hydrologique menée par Antea Group, la réponse est non. La nappe phréatique sous Grenoble est gavée de solvants chlorés et de pesticides d'origine agricole et industrielle. Impossible de l'utiliser pour arroser des espaces verts, remplir une piscine ou tout autre contact avec la peau. Sous Pont-de-Claix et Échirolles, rive droite du Drac, on retrouve même du HCH bêta, un insecticide théoriquement interdit depuis... 1998.

Selon une autre enquête-choc récemment publiée par Le Monde, la nappe phréatique et les sols de Grenoble sont aussi contaminés par une multitude de polluants dits éternels : des substances per- et polyfluoroalkylées ultratoxiques employées pour fabriquer des plastiques, des peintures, des pesticides, des textiles techniques, etc. Les zones les plus touchées de l'agglomération sont consultables sur une carte interactive.

Résumons : Grenoble est bâtie sur une gigantesque nappe phréatique qui, face aux crises climatiques, aurait pu garantir la survie de fermes urbaines, de jardins et de vergers. Ou de l'eau pour boire, tout simplement. Cet avenir est condamné par 100 ans de chimie et d'agriculture industrielles.

Les champs captants de Rochefort, qui alimentent l'agglomération en eau potable, sont-ils aussi contaminés ? Pour l'instant, la rive gauche du Drac semble préservée. Mais Antea Group a détecté des infiltrations préoccupantes de chlorates et de perchlorates émanant probablement de la plateforme chimique de Jarrie.

Vous souhaitez lire le rapport d'Antea Group ? Contrairement aux récentes révélations sur les sols contaminés aux dioxines autour de Pont-de-claix et Jarrie, l'étude de la nappe phréatique sous Grenoble n'est pas accessible en ligne.

(Dauphiné Libéré, 27/01/23 ; Le Monde, 23/02/23)

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UN NOUVEAU COLLECTIF FÉMINISTE : LA NÉBULEUSE

Osez le féminisme Isère !, c'est fini. L'antenne locale s'est dissoute et devient La Nébuleuse 38, un collectif féministe indépendant.

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LA CAISSE DE GRÈVE FÉMINISTE

Une première à Grenoble ? À quelques jours du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, l'Assemblée Générale Féministe de Grenoble lance une caisse de grève féministe.

Les fonds récoltés soutiendront des femmes, des hommes trans et des personnes non binaires souhaitant faire grève le 8 mars et contre la réforme des retraites. Quelle perte de salaire représente une journée de grève ? Environ 70 euros au SMIC.

Cette année, le 8 mars intervient juste après la publication d'un rapport accablant du Haut Conseil à l'Égalité femmes/hommes sur la progression du sexisme en France, en particulier chez les jeunes.

Selon cette enquête, 37% des femmes interrogées disent avoir déjà subi des rapports sexuels non-consentis. Près d’un quart des hommes de 25 à 34 ans estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter avec une femme. 16% des hommes pensent encore qu'une femme agressée sexuellement peut être en partie responsable de la situation. Le rapport pointe les effets dramatiques des réseaux sociaux, un Far West structurellement masculiniste.

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LE BOUM DES MAISONS SECONDAIRES

À votre avis, sur les 660 000 logements en Isère, combien sont des résidences secondaires ? Réponse : plus de 50 000, soit 8% environ. Mais ces pourcentages dépassent les 53% dans le Vercors, 33% dans le Trièves, 18% en Chartreuse. Et ce n'est pas fini. Depuis la crise covid, les populations urbaines aisées se ruent vers des maisons de campagne pour leurs vacances et leur retraite. Les prix flambent.

Sur des territoires comme le Trièves, le boum des résidences secondaires est une violence sociale quotidienne : d'un côté des milliers de maisons aux volets presque toujours fermés, des villages souvent fantômatiques hors vacances et week-ends prolongés ; de l'autre une difficulté de plus en plus grande des Triévois-es pour louer ou acheter un logement décent quand on dispose de revenus modestes.

Et à Grenoble ? Sur les 197 000 logements privés de l'agglomération grenobloise, seuls quelques milliers sont des résidences secondaires. Mais près de 17 000 sont des logements vides : soit des logements dégradés dont les propriétaires ne peuvent assurer les travaux de rénovation, soit des logements spéculatifs acquis par des groupes privés et des banques à l'affût d'opérations immobilières juteuses.

Plus de 50 000 résidences secondaires en Isère, plus de 17 000 logements vides autour de Grenoble. Et, sur le même territoire, des milliers de personnes à la rue*, des dizaines de milliers dans des logements indignes.

Cette indécence vous donnerait envie de réquisitionner les logements vides ? Oui, mais comment ? Que dit la loi ? Pour tout comprendre, nous vous recommandons la récente brochure du DAL Isère : Les lois de réquisition des logements vides pour les nul-e-s.

* La France compte plus de 300 000 personnes SDF. Trois fois plus qu'en 2001.

(Dauphiné Libéré, 16/01/23)

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UN NOUVEAU REPAIR CAFÉ À LA TRONCHE

Un nouveau Repair Café vient d'ouvrir à La Tronche, un lundi par mois, au 13 rue Doyen Gosse. L'agglomération compte désormais dix Repair Cafés ! Des bénévoles vous aideront à réparer des objets du quotidien, pour une somme modique. Sur la centaine d'objets déjà apportés au Repair Café de la Tronche, le taux de succès approche les 75%.

(Dauphiné Libéré, 15/01/23)

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POUBELLES MARRONS : STOP AUX SACS !

Selon une récente étude de l'ANSES, les sacs plastiques présentés comme "biosourcés", "biodégradables" ou "compostables" ne se dégradent pas totalement dans les composteurs. Une fois épandu ou utilisé aux potagers, ce type de compost disperse des microplastiques dans tout l'environnement.

Suite à ces révélations, la Métropole demande désormais de jeter les déchets alimentaires dans les poubelles marrons sans utiliser de sac. C'est l'inverse de ce que conseillaient les Messagers du tri jusqu'ici.

Que deviennent actuellement les sacs plastiques jetés dans les poubelles marrons ? La Métropole affirme que 80% des sacs sont vidés de leur contenu au centre de compostage, puis envoyés en incinération à Athanor. Les 20% restants sont mélangés au compost. Le compostage à 70 degrés décomposerait ces plastiques, qui seraient ensuite piégés dans les filtres à air de l'usine. Mais selon Lionel Coiffard, vice-président de Grenoble Alpes Métropole :"Théoriquement, un pourcentage infime [des plastiques] peut être présent dans le compost" .

Rappelons que selon une étude WWF de 2019, chacun-e de nous ingère en moyenne 5 grammes de microplastiques par semaine, par ce que nous mangeons, buvons et respirons. 5 grammes, c'est le poids d'une carte bancaire.

(Dauphiné Libéré, 09/01/23)

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APRÈS LA BASE, LE BOCAL

Le dynamisme d'Alternatiba Grenoble franchit un nouveau cap. En 2022, le collectif ouvrait la Base d'Action Sociale et Ecologique (BASE) : un bar associatif au 17 rue du Dauphiné, qui a déjà accueilli près de 100 événements. En mai 2023, Alternatiba ouvrira un nouveau lieu pour accueillir des événements de plus grande envergure : une Base d'Organisation Collective des Alternatives (BOCAL), au 8 boulevard de l'Esplanade.

Pour aménager le BOCAL, des chantiers ouverts au public s'organisent les 11-12 mars, 25-26 mars et 15-16 avril.

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LE CHANTIER DE FONTAINE EXPULSÉ

Des lieux de luttes ouvrent, d'autres -plus radicaux- sont fermés de force. Malgré de vives résistances, la mairie de Fontaine et l'EPFL ont détruit "Le Chantier" : un lieu autogéré depuis bientôt 7 ans à Fontaine dans le quartier Bastille. Cet espace d'entraide proposait une Matériauthèque, des jardins collectifs et des cantines conviviales, le tout gratuitement ou à prix libre.

Pourquoi cette destruction ? Quel bilan et quelles perspectives pour les collectifs expulsés ? Nous vous recommandons le dernier communiqué du Chantier de Fontaine.

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LES GLACIERS, C'EST FINI

En 2100, seuls le Mont Blanc et les crêtes de son massif seront encore blancs l'hiver. Selon les glaciologues du CNRS, dans le meilleur des cas (limitation du réchauffement planétaire à 1,5 degrés), la déglaciation touchera 85% des reliefs alpins dès 2050. Mais peut-être dès 2030. Rien qu'en 2022, la fonte des glaciers des Alpes a battu un record absolu : moins 4 à 5 mètres d'épaisseur, soit deux à trois fois plus que la moyenne des 20 années précédentes.

Ce record sera-t-il battu en 2023 ? Après plus de 30 jours sans pluie et des nappes phréatiques en grave déficit hydrique, la sécheresse hivernale laisse craindre le pire.

Il y a 5 ans, quand ici Grenoble relayait les scénarios climatiques désastreux prévus en Isère, nous recevions de nombreux messages nous accusant d'être catastrophistes. 5 ans plus tard, tout empire. Quand allons-nous organiser un vrai plan d'urgence face au désastre qui vient ?

(Dauphiné Libéré, 06/01/23 : Reporterre, 21/02/23)

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LE MOIS DÉCOLONIAL DE GRENOBLE

Du 4 mars au 8 avril, c'est la troisième édition du Mois Décolonial de Grenoble. 42 événements pour déconstruire l’imaginaire colonial. Oui, 42 ! Après l'abjecte campagne électorale de Zemmour et l'élection de 90 député-e-s RN, ce n'est pas de trop.

Pour découvrir les 8 événements particulièrement recommandés par ici Grenoble, c'est ici.

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RETRAITES : LA RUE A PARLÉ

Terminons pas une autre info combative ! Depuis janvier, rarement Grenoble avait connu de tels défilés. Déjà 5 manifestations monstres contre une réforme des retraites injuste, avec un record le 31 janvier : plus de 20 000 manifestant-e-s selon la police, 40 000 selon la CGT Isère.

Pour faire plier ce gouvernement de capitalistes autoritaires, vous pensez qu'il faut bloquer le pays, comme en 1995 ? C'est l'appel des syndicats le mardi 7 mars, avec une manifestation à 10h au départ de la gare.

Et pour se donner du punch, ne manquez pas l'harangue du sociologue Frédéric Lordon : Macron est un forcené, un forcené ça se déloge !

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Cette revue de presse vous a intéressé ?

N'hésitez pas à consulter la revue de presse de janvier, avec plein d'infos sur les sols dioxinés de Pont-de-Claix et de Jarrie, l'algorithme secret de la CAF Isère, le vote du Métrocâble, les stages d'autodéfense féministe, le bilan de 5 ans de collapsologie à Grenoble, etc.

Vous trouverez aussi dans la revue de presse de décembre 2022 plein d'infos sur la nouvelle Maison des femmes, les polémiques autour de la ZFE, les leçons de l'explosion à Jarrie, les chiffres méconnus des armes à feu en Isère, la pénurie de sang, etc.

Vous trouverez aussi dans la revue de presse de novembre 2022 le nombre de vegans dans l'agglo, les menaces pesant sur 20 000 arbres à Grenoble, la fin du garage Solidarauto, la face cachée des livreurs à vélo, etc.

Nous vous recommandons aussi la revue de presse d'octobre 2022, avec des infos sur les menaces sur l'eau potable à Grenoble, la bombe sous le pont de Brignoud, les chiffres de la "Gremorra", les intox sur les fraudes à la CAF Isère, etc.