Grevue de presse : Les 10 infos de mai

10/05/2023
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Vous ne lisez pas le Dauphiné Libéré, mais les infos marquantes vous intéressent ?

Chaque mois, le média ici Grenoble vous propose la ''Grevue de presse'', une sélection d'infos courtes et percutantes glanées dans la presse locale ou dans nos réseaux.

Au menu de mai : une mégabassine dans le Trièves, des mégapompeurs dans le Grésivaudan, un drone russe "made in Isère", la clinique mutualiste dans une pyramide de Ponzi, la fin de la BAF, le début du BOCAL et plein d'autres infos.

Bonne lecture !

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UNE MÉGABASSINE DANS LE TRIÈVES

À Saint-Maurice-en-Trièves, petit village à 70 kilomètres au sud de Grenoble, un éleveur et un céréalier s'apprêtent à construire une mégabassine. De quelle taille ? 300 mètres de long, 10 mètres de profondeur, 70 000 mètres cubes d’eau. L'équivalent de 25 piscines olympiques.

La mégabassine de Saint-Maurice sera-t-elle plus grande que celle de Sainte-Soline ? Elle sera dix fois plus petite. Mais à l'échelle des ressources en eau du Trièves, c'est un volume considérable.

Porté par le fils du maire du village, ce projet a-t-il fait l'objet d'une large concertation auprès de la population triévoise ? Non. La plupart des Triévois-es ne sont pas encore au courant. Chaque grande ferme du Trièves va t-elle creuser sa mégabassine privée, pour continuer les mêmes productions agro-industrielles ? Que vont devenir les forêts et les rivières privées de l’eau ainsi stockées ? Combien d'autres mégabassines sont-elles en projet en Isère ?

Si l'accaparement de l'eau vous révolte, à Sainte-Soline comme à Saint-Maurice, vous pouvez rejoindre le nouveau comité Grenoblois des Soulèvements de la Terre. Pour les contacter : sdt-grenoble (at) proton.me

Pour des infos plus précises et régulièrement actualisées sur la mégabassine du Trièves, c'est ici.

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DES MÉGAPOMPEURS DANS LE GRÉSIVAUDAN

Quelle usine pomperait la mégabassine du Trièves en seulement deux ou trois jours ? ST Microelectronis à Crolles. Pour produire des puces électroniques, les besoins en eau pure sont faramineux. Nettoyer une seule plaquette de silicium nécessiterait plus de 1 500 litres. À elle-seule, ST Micro aurait consommé plus de 4 millions de mètres cube d'eau dans le Grésivaudan en 2021.

Or ST Microelectronics prévoit la construction d’une nouvelle usine de production de plaquettes de silicium à Crolles. 2,3 milliards d'euros d'argent public seront investis pour doubler la taille de l'usine actuelle. Pour l'alimenter en eau pure, ST Micro a obtenu l'autorisation de creuser deux forages permanents sur son sol, pour puiser directement dans la nappe phréatique.

Contre l'accaparement de l'eau par les industriels de la high tech, entre 600 et 1 000 personnes ont participé à la manifestation De l'eau, pas des puces, le 1er avril à Crolles.

Pour interpeller les élu-e-s du Grésivaudan, le collectif Stop Micro organisait un nouveau rassemblement lundi 15 mai devant le Conseil communautaire du Grésivaudan.

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ADIEU ET MERCI LA BAF

Un lieu emblématique des luttes grenobloises ferme ses portes. Le 31 mai, le centre social autogéré La BAF est contraint de fermer après 12 ans d’existence. Pourquoi ? Le propriétaire du local vend les lieux.

Que vont devenir la bibliothèque féministe de Grenoble, la permanence d'autodéfense pour l'accès au droit, les cours de français en non-mixité, les nombreuses activités hébergées par la BAF ? Réponse bientôt... dans l'agenda d'ici Grenoble !

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BONJOUR LE BOCAL

Dimanche 14 mai au 8 boulevard de l'Esplanade, Alternatiba Grenoble a ouvert un nouveau lieu de luttes : la Base d'Organisation Collective des ALternatives (BOCAL). Il pourra accueillir des événements de plus grande envergure que la Base d'Action Sociale et Ecologique (BASE), le bar associatif lancé par Alternatiba en 2022, rue du Dauphiné.

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LE MÉTROCÂBLE FRAGILISÉ

Le projet de téléphérique urbain entre Fontaine et Saint-Martin-le-Vinoux va-t-il réellement voir le jour ? Deux récents rapports publics calment l'ardeur des élu-e-s de la Métropole :

- Le rapport de la mission régionale d’autorité environnementale appelle à "réinterroger les prévisions de trafic" et réétudier une alternative au câble : une nouvelle ligne de bus performante.

- La commission d’enquête sur le Plan de Prévention du Risque inondation (PPRi) du Drac exige le retrait d'une zone constructible du projet immobilier "Portes du Vercors". Sur les 950 logements prévus, 400 ne pourront être construits. La zone commerciale est également réduite. Le nombre d’usages potentiels du téléphérique urbain, fixé à 5 000 voyageurs par jour, est donc à revoir.

Sur le terrain, les opposant-e-s continuent de s'organiser. Le 9 avril, suite à la manifestation menée par le collectif Stop Métrocâble, des militant-e-s ont créé le "Bosquet Anti-Câble" : un espace de luttes et d'activités sur le lieu d'implantation d'un des pylônes du Métrocâble. Le but ? Enraciner localement la lutte, créer du lien avec les riverain-e-s et les agriculteur-ice-s de Fontaine et Sassenage. Ce lieu a été détruit quelques jours plus tard, suite à la visite de la gendarmerie. Mais la lutte continue...

(ADES, 31/03/23)

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LA FRAUDE DANS LES TRAMS ET LES BUS

Selon la dernière enquête du Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise, plus de 13% des passagères et des passagers ne payeraient pas ou ne valideraient pas leur ticket dans les transports en commun de l'agglomération grenobloise. Dix ans auparavant, le taux de fraude ne dépassait pas les 8%.

Les contrôles sont pourtant de plus en plus nombreux. Chaque jour, près de 80 contrôleurs et contrôleuses vérifient les titres de transport de 10 000 à 20 000 des 200 000 à 350 000 personnes utilisant les bus et trams. La fraude représenterait un "manque à gagner" de 4 à 5 millions d'euros par an. Par comparaison, le budget annuel du Smmag est d'environ 130 millions d'euros, dont 30 à 40 millions proviennent des recettes des titres de transports.

(Dauphiné Libéré, 02/04/23)

Photo : Le 11 avril 2017, au moins 180 des 450 valideurs du réseau tram TAG ont été sabotés à l'aide d'un produit chimique. Cette action était accompagnée de graffitis comme "Fraudeurs de toutes les lignes unissez-vous".

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POUR LA GRATUITÉ DES TRANSPORTS EN COMMUN

Une solution ultime contre la fraude ? La gratuité ! Face à la pollution et au désastre climatique, le Collectif pour la gratuité des transports publics dans l'agglomération grenobloise réclame depuis 2014 cette mesure radicale, comme à Dunkerque ou à Montpellier. Une nouvelle pétition a déjà recueilli plus de 1 300 signatures.

Quels serait les effets immédiats ? Selon la dernière étude de faisabilité, la fréquentation des trams et des bus augmenterait de 20% en quelques mois.

Quel serait le coût ? Comme le réseau est déjà proche de la saturation aux heures de pointe, 100 millions d'investissements seraient nécessaires pour de nouveaux bus et trams, puis 60 millions d'euros pour le fonctionnement chaque année. Par comparaison, le chantier d'élargissement de l'A480 a dépassé les 300 millions d'euros, le coût du Métrocâble est estimé à 65 millions d'euros, l'élargissement de la RD 1075 à 57 millions d'euros, la rénovation de la tour Perret à 15 millions d'euros.

Pour financer la gratuité, plusieurs hypothèses sont proposées : augmenter la contribution des entreprises à 3% de la masse salariale, taxer les places des grandes surfaces, mettre en place une fiscalité carbone pour les 230 000 voitures de l'agglomération grenobloise... Toutes ces mesures sont détaillées dans un Mémento pour la gratuité des transports publics.

(Dauphiné Libéré, 04/04/23)

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RUÉE SUR LES RESTOS DU COEUR

30% de bénéficiaires supplémentaires en seulement un an. Jamais les Restos du coeur Isère n'avaient connu une telle fréquentation. En première ligne face à la crise économique, les Restos distribuent désormais six repas par semaine à plus de 20 000 personnes. 

Malgré les 1 200 bénévoles, les 19 centres d'accueil sont saturés, la logistique est de plus en plus acrobatique. Pour renforcer les équipes des dépôts et des distributions, les Restos lancent un appel à bénévoles. Leur téléphone : 04 76 70 44 68

(Dauphiné Libéré, 03/04/23)

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URGENCES DU CHU : LA CRISE CONTINUE

C'est un cauchemar que nous redoutons tou-te-s : amener un-e proche aux urgences, attendre des heures face à des équipes débordées, subir les maltraitances involontaires de soignant-e-s épuisé-e-s, souffrir le martyr, frôler la mort.

Ces quatre derniers mois, au moins trois personnes sont mortes aux urgences du CHU Grenoble-Alpes, dans le désarroi et la solitude, alors que leur pronostic vital n’était pas engagé au moment de leur admission.

Comme dans la plupart des hôpitaux de France, la crise des urgences du CHU ne fait que s'approfondir. Des équipes soignantes de moins en moins nombreuses doivent accueillir de plus en plus de monde. Au CHU Grenoble-Alpes, une cinquantaine de médecins urgentistes seraient nécessaires, alors qu'ils dépassent rarement la trentaine. De son côté, la fréquentation ne fait qu'augmenter, avec désormais 140 passages en moyenne par jour, 50% de plus qu'il y a dix ans.

Pour mieux saisir l'ampleur du désastre, nous vous recommandons les témoignages d'urgentistes : Les urgences de Grenoble au bord du craquage.

Cette crise structurelle touche de nombreux autres secteurs hospitaliers, dont la pédiatrie et la psychiatrie. Faute de moyens et de soignant-e-s, les opérations sont déprogrammées, les fermetures de lits se multiplient.

Comment en est-on arrivé là ? Quelles seraient les solutions ? Pour une analyse claire et approfondie, nous vous recommandons l'excellent livre La casse du siècle, à propos des réformes de l'hôpital public.

(Dauphiné Libéré, 20/04/23, 23/04/23, 26/04/23)

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LA CLINIQUE MUTUALISTE DANS UNE PYRAMIDE DE PONZI ?

En 2020, le groupe privé AVEC a racheté le Groupement Hospitalier Mutualiste de Grenoble (GHM), qui gère notamment la clinique mutualiste. Depuis cette privatisation, AVEC utilise-t-il la trésorerie et les réserves financières du GHM pour rembourser ses dettes, à la manière d'une pyramide de Ponzi ?

Rappelons qu'en janvier, Bernard Bensaïd, à la fois PDG du groupe AVEC et président du GHM, a été mis en examen pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. L'entreprise cumulerait désormais plus de 177 millions d'euros de dettes et serait au bord de la faillite. AVEC venait pourtant d'emprunter 6,5 millions d'euros au GHM.

Pour protéger la Clinique mutualiste d'une tempête financière, les syndicats et des collectifs de patient-e-s exigent le démantèlement du groupe AVEC, l'annulation du rachat de la Clinique mutualiste, le réexamen du projet de fusion avec le CHU de Grenoble.

Pour suivre de près la situation, nous vous recommandons le site des ami-e-s des Cliniques Mutualistes de Grenoble.

(Dauphiné Libéré, 27/04/23)

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5G : ENCORE UNE ANTENNE SABOTÉE

Encore une. Après le sabotage de l'antenne d'Entre-deux-Guiers en février, une autre antenne-relais a été incendiée au Sappey-en-Chartreuse, dans la nuit du 26 au 27 avril.

Face à l'imposition de 19 000 antennes 5G en France, les incendies et les déboulonnages de pylônes continuent. Depuis trois ans, plus de 150 actes de sabotage ont été répertoriés en France, dont au moins 17 en Isère. Jamais une technologie n'avait suscité autant d'actions destructives depuis l'imposition des cultures OGM à la fin des années 90.

À Grenoble, où en est la 5G ? Peut-on s'opposer au déploiement d'une antenne près de chez soi ? Quels sont les effets sur la santé ? Pour en savoir plus, nous vous recommandons notre dossier sur la 5G en Isère.

(Dauphiné Libéré, 29/04/23)

Photo: Dépôt d'antennes-relais détruites devant la Préfecture de l'Isère, 1er avril 2023 (LOL)

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DES DRONES RUSSES "MADE IN ISÈRE" ?

Un détecteur infrarouge fabriqué par l'entreprise iséroise Lynred a été retrouvé dans un drone de reconnaissance militaire russe neutralisé en Ukraine. L'embargo empêchant la vente de cette technologie à la Russie a-t-il été contourné ? Combien d'autres équipements "made in Isère" équipent-ils les forces russes ?

Ce sont les questions que pose l'Observatoire des armements, auteur d'un rapport glaçant sur les entreprises d’armement en Région Auvergne-Rhône-Alpes et leur implication en Russie, en Palestine, au Yémen, en Égypte, en République démocratique du Congo, etc.

Contactée, Lynred affirme que ce capteur infrarouge n'a pas été livré à la Russie, mais à un client d'un autre pays. L'entreprise iséroise ne s'estime "pas responsable des agissements de ce client". Elle viendrait cependant de rompre ce contrat, sans fournir de précisions "pour des raisons de confidentialité".

Rappelons que selon des révélations du média Disclose, la société Sofradir (ancienne start-up du CEA-Léti, désormais Lynred) basée à Veurey-Voroize "a vendu des caméras infrarouges pour 5,2 millions d'euros à la Russie en octobre 2012. Quatre ans plus tard, Sofradir devait encore livrer 258 détecteurs infrarouges à une société russe de défense", c'est-à-dire deux ans après l'embargo de 2014 interdisant la vente d'armes à la Russie.

Pour plus de détails, nous vous recommandons notre dossier : Ukraine : Des armes russes made in Isère ?

(Dauphiné Libéré, 24/03/23)

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RETRAITES : LA LUTTE CONTINUE

Malgré le 49.3, la répression policière et les grossiers contre-feux médiatiques, jamais Grenoble n'avait connu autant de manifestations, autant de monde dans les rues, une telle situation pré-révolutionnaire. La colère est profonde, bien au-delà de la réforme des retraites.

Pour beaucoup d'entre nous, cette colère se mêle d'enthousiasme et d'amertume. L'enthousiasme des rencontres au sein des luttes, de l'élan partagé, du sentiment de force collective, tellement salutaire après deux ans de Covid.

L'amertume aussi : malgré des manifestations énormes, le blocage total et massif du pays n'a pas encore eu lieu. C'est pourtant la seule stratégie capable de faire plier ce gouvernement. Amertume encore : face à une réforme impopulaire, c'est la gauche qui a porté la lutte, mais c'est l'extrême-droite qui progresse le plus dans les sondages. Enfin, on voit resurgir la répression policière la plus crasse : des interpellations abusives, des insultes, des humiliations, des gardes-à-vue utilisées comme outil de maintien de l'ordre, une brutalité débridée allant jusqu'aux mutilations. Comme en 2018 avec les Gilets Jaunes.

Malgré tout, la lutte continue, la révolte est là. L'intersyndicale appelle à une nouvelle journée d'actions mardi 6 juin. Le mouvement social va-t-il survivre aux ponts de mai ? Va-t-il repartir de plus belle ?

Pour s'organiser et échanger sur la situation actuelle, les prochaines Assemblées Générales de luttes contre la réforme des retraites auront lieu les 16 et 24 mai à 18h30 au 38 rue d'Alembert.

Pour prendre du recul et se donner de la force, nous vous recommandons les dernières analyses de Frédéric Lordon : Un pays qui se soulève, L'affrontement et Sont-ils fous ?

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Cette revue de presse vous a intéressé ?

N'hésitez pas à consulter la revue de presse de mars 2023, sur le congé menstruel à Grenoble, le point sur la ZFE, le boum du vélo, la guerre des puces électroniques, les sabotages contre la 5G et plein d'autres infos.

Nous vous recommandons également la revue de presse de février 2023, sur la nappe phréatique toxique sous Grenoble, le boum des maisons secondaires, le lancement de La Nébuleuse, l'expulsion du Chantier de Fontaine, etc.

Nous vous recommandons aussi la revue de presse de janvier 2023, sur les sols dioxinés de Pont-de-Claix et de Jarrie, l'algorithme secret de la CAF Isère, le vote du Métrocâble, les stages d'autodéfense féministe, le bilan de 5 ans de collapsologie à Grenoble, etc.

Vous trouverez par ailleurs dans la revue de presse de décembre 2022 plein d'infos sur la nouvelle Maison des femmes, les leçons de l'explosion à Jarrie, les chiffres méconnus des armes à feu en Isère, la pénurie de sang, etc.

Vous trouverez dans la revue de presse de novembre 2022 le nombre de vegans dans l'agglo, les menaces pesant sur 20 000 arbres à Grenoble, la fin du garage Solidarauto, la face cachée des livreurs à vélo, etc.

Nous vous recommandons enfin la revue de presse d'octobre 2022, sur les menaces sur l'eau potable à Grenoble, la bombe sous le pont de Brignoud, les chiffres de la "Gremorra", les intox sur les fraudes à la CAF Isère, etc.