Grevue de presse : Les 10 infos de mars

21/02/2023
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Vous ne lisez pas le Dauphiné Libéré, mais les infos marquantes vous intéressent ?

Chaque mois, le média ici Grenoble vous propose la ''Grevue de presse'', une sélection d'infos courtes et percutantes glanées dans la presse locale.

Au menu de mars : le congé menstruel à Grenoble, les astuces de la ZFE, le boum du vélo, la guerre des puces, les sabotages contre la 5G, la bataille des retraites et plein d'autres infos.

Bonne lecture !

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LE CONGÉ MENSTRUEL À GRENOBLE

Le 16 février, l'Espagne est devenue le premier pays d'Europe à autoriser le congé menstruel : en cas de règles douloureuses, les salariées peuvent se mettre en arrêt maladie, avec l'accord du médecin traitant.

À Grenoble, certaines femmes disposent déjà d'un congé menstruel. Par exemple au Pain des Cairns, la boulangerie bio et coopérative du quartier Saint-Bruno. Depuis 2022, les cinq salariées bénéficient d'un jour de congé payé supplémentaire par mois. Elles peuvent quitter la boulangerie à tout moment, grâce à un système d'astreinte permettant le remplacement immédiat.

Au bar associatif La Bobine, un congé menstruel s'applique aussi depuis fin 2022 : les 10 salariées bénéficient de 12 jours de congés payés supplémentaires par an, à poser quand elles le souhaitent, sans certificat médical.

Ces mesures sont mises en place, mais sont-elles appliquées ? Au Pain des Cairns, le congé menstruel n'a jamais été utilisé pour l'instant. À la Bobine, six fois. [Attention, ces données datent de février 2023].

(Dauphiné Libéré, 26/02/23)

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TOUJOURS PLUS DE VÉLOSOPHES

Selon les 24 compteurs par détection magnétique installés par la Métropole sur des pistes cyclables de l'agglomération, l'utilisation du vélo est en forte hausse. Les cinq plus gros compteurs enregistrent une augmentation de 25% en un an. Et même +130% en 3 ans pour les compteurs Léo Lagrange et Maréchal Lyautey.

Ce boum du vélo reste cependant très relatif. Dans l'agglomération grenobloise, si 12% des déplacements domicile-travail se font désormais en vélo, 55% se font toujours en voiture. Et qui dit voiture dit bouchons. Selon l'opérateur TomTom, les automobilistes ont passé en moyenne 57 heures dans les embouteillages autour de Grenoble en 2022, sur un trajet-type de 20 kilomètres par jour.

L'inflation va-t-elle bouleverser la donne ? Car rouler à vélo fait gagner beaucoup d'argent. Tous frais compris (achat, carburant ou électricité, assurance, entretien), un kilomètre en voiture coûte au moins 0,3 euros pour les véhicules les plus économiques, 0,5 euros en moyenne, et jusqu'à 2 euros pour les gros SUV. Concrètement, rouler 10 kilomètres en vélo pour aller travailler, c'est gagner 5 euros par jour, plus de 1 200 euros par an.

(Dauphiné Libéré, 06/01/23, 15/01/23, 13/02/23, 23/02/23)

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LA ZFE ET LA GRENOUILLE DANS UNE CASSEROLE

Le 1er juillet démarre la Zone à Faibles Émissions dans l'agglomération grenobloise. Une mesure injuste qui soulève de vives oppositions.

Pour tenter d'apaiser la contestation, la Métropole multiplie des promesses qui rappellent la fable de la grenouille dans une casserole d'eau chaude :

- Pour l'instant, la ZFE ne sera pas permanente. Comme à Paris, elle sera appliquée du lundi au vendredi, de 8h à 20h. Les voies rapides ne seront pas concernées (rocade, A45, A51).

- Les automobilistes faisant mois de 5 000 kilomètres par an pourraient avoir une dérogation, sur attestation du contrôle technique ou de l'assurance petit rouleur.

- Un pass 12 jours serait délivrable pour des "déplacements exceptionnels", avec un QR code à afficher sur le pare-brise.

- Pour les revenus fiscaux inférieurs à 21 690 euros par an, jusqu'à 1 000 euros d'aides seraient proposées pour l'utilisation de transports en commun ou la location d'un vélo. Le montant de l'aide à l'achat d'une nouvelle voiture n'est pas encore dévoilé.

Dans tous les cas, ce sont les personnes les plus démunies qui devront multiplier les démarches administratives, présenter une foule de justificatifs, être entravées dans leurs déplacements. Les riches propriétaires de SUV, eux, pourront rouler et polluer en toute quiétude.

Pourtant, face au désastre climatique et aux pollutions, qui doit en priorité changer son mode de vie ? Les riches de Meylan ou les pauvres de Pont-de-Claix ? Faut-il changer son SUV tous les 3 ans, ou faire durer le plus longtemps possible sa petite voiture ? Pourquoi ne pas plutôt interdire les voitures de plus de 120 chevaux, ou de plus de 2 tonnes ? Suite au Dieselgate et aux logiciels de trucage des émissions d'oxydes d'azote, comment être sûr que les moteurs modernes sont réellement moins toxiques ?

Sur les injustices sociales et les incohérences écologiques des ZFE, nous vous recommandons une enquête de Reporterre : Les zones à faibles émissions sont-elles vraiment écolos ?

(Dauphiné Libéré, 23/01/23, 07/03/23, 10/03/23)

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TOUJOURS PLUS DE CAMÉRAS

Qui dit ZFE dit vidéosurveillance à intelligence artificielle. Si le préfet de l'Isère affirme qu'il n'y aura pas de vidéoverbalisation sur les vignettes Crit'air avant fin 2024, les caméras, elles, se multiplient dans l'agglomération. Dernière annonce en date : la mairie de Pont-de-Claix a décidé l'installation de 75 caméras d'ici 2025, dont 30 capables de scanner les plaques d'immatriculation.

Et à Grenoble ?

En 2014, Éric Piolle promettait "de revendre [les caméras] à Christian Estrosi" et de "réorienter [les moyens affectés à la vidéosurveillance] afin d’assurer une présence humaine dans les quartiers pour prévenir la délinquance".

En 2023, Grenoble compte 118 caméras, toutes récemment équipées d'un système de vidéoverbalisation automatique. En 9 mois de mise en service, 1000 procès verbaux ont déjà été dressés.

Sur les effets de la vidéosurveillance, nous vous recommandons notre dossier : Vidéosurveillance : seulement 1% d'utilité dans l'agglomération grenobloise ?

(Dauphiné Libéré, 20/01/23, 24/01/23, 25/01/23, 26/01/23)

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LA COOPÉRATIVE CASABIO, C'EST FINI

Lancés par l'association La clef des champs dans les années 70, puis structurés en coopérative en 2013, les magasins Casabio ont fait faillite, malgré un chiffre d'affaires proche des 10 millions d'euros. En cause ? La baisse des ventes depuis le covid puis l'inflation, des choix d'investissement apparemment trop risqués, une concurrence de plus en plus féroce.

Placés en cessation de paiement, les magasins Chorier, Libération et Saint-Égrève ont été rachetés par la société Manabio. Son directeur conserve la marque Casabio, mais sort du réseau biocoop.

Casabio gérait également trois boulangeries et un espace de restauration, qui n'ont pas été rachetés. Au moins 30 des 70 salarié-e-s de Casabio sont licencié-e-s.

La faillite de Casabio s'inscrit dans un contexte général de déclin des ventes de produits bio. Le chiffre d’affaires des distributeurs bio a reculé de 12% en moyenne sur 2022. Du jamais vu. Plus de 200 magasins bio ont déjà fermé ces derniers mois en France, et ce n'est pas fini.

(Dauphiné Libéré, 10/02/23, 11/02/23 ; Reporterre, 28/02/23)

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HIVER SEC, ÉTÉ RUDE

Après 32 jours sans pluie cet hiver, les nappes phréatiques sont au plus bas, surtout dans le Nord-Isère. À Vienne, il est tombé seulement 277 mm d'eau de septembre à février, au lieu des 418 mm en temps "normal".

Des pluies abondantes ce printemps vont-elles nous faire éviter le pire ? Seront-elles suffisamment intenses pour infiltrer des sols secs, avec une végétation qui repart ? Dans tous les cas, la préfecture de l'Isère annonce de fortes restrictions d'eau cet été.

Dans ce contexte si inquiétant sort le sixième rapport du GIEC. Ce que les climatologues y annoncent est affolant. Grenoble pourrait s'approcher d'un climat proche de l'Afrique du Nord d'ici 20 à 30 ans. Un seul exemple marquant : le débit estival de l'Isère pourrait diminuer de 40% d'ici 2055.

Il y a 5 ans, quand ici Grenoble relayait les scénarios climatiques désastreux prévus en Isère, nous recevions de nombreux messages nous accusant d'être catastrophistes. 5 ans plus tard, tout empire. Quand allons-nous organiser un vrai plan d'urgence face au désastre qui vient ?

(Dauphiné Libéré, 08/02/23, 20/02/23, 04/03/23, 05/03/23)

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DE L'EAU, PAS DES PUCES !

La pénurie d'eau qui s'annonce rend d'autant plus indécente la "guerre des puces", dont l'un des champs de bataille est le Grésivaudan. Dans la course industrielle aux microprocesseurs opposant la Chine, les États-Unis et l'Europe, STMicroelectronics prévoit la construction d’une nouvelle usine de production de plaquettes de silicium. Plus de 5 milliards d'euros d'investissements pour doubler la taille de l'usine actuelle.

Pour produire des puces, les besoins en eau pure sont faramineux. Nettoyer une seule plaquette de silicium nécessiterait plus de 1 500 litres. À elle-seule, ST Micro aurait consommé plus de 4 millions de mètre cube dans le Grésivaudan en 2021. Pour alimenter la nouvelle usine, ST Micro a obtenu l'autorisation de creuser deux forages permanents sur son sol, pour puiser directement dans la nappe phréatique.

Face au désastre climatique et à la pénurie en eau prévue en Isère, qui osera défier ST Micro et les géants de la Silicon Valley française ?

Samedi 1er avril à 10h30 au départ de la gare de Brignoud, le collectif Stop Micro organise une manifestation contre l'accaparement des ressources par les industriels de l'électronique. Non, ce n'est pas un poisson d'avril.

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5G : ENCORE UNE ANTENNE SABOTÉE

Face à l'imposition de 19 000 antennes 5G en France, les incendies et les déboulonnages de pylones continuent. Le 9 février, une antenne-relais a été sabotée à Entre-deux-Guiers, en Chartreuse. Depuis trois ans, plus de 150 actes de sabotage ont été répertoriés en France, dont au moins 14 en Isère. Jamais une technologie n'avait suscité autant d'actions destructives depuis l'imposition des cultures OGM à la fin des années 90.

Et à Grenoble, où en est la 5G ?

Sur les 712 sites équipés en Isère pour recevoir de la 5G, au moins 70 sont à Grenoble. La mairie s'est systématiquement opposée aux travaux d'installation de ces antennes, mais le tribunal administratif a toujours donné raison aux opérateurs. Résignée, la ville de Grenoble dit désormais se concentrer sur la réduction des points "atypiques".

Certains collectifs d'habitant-e-s réussissent cependant à faire déplacer des antennes, comme récemment à Saint-Martin-d'Hères. Face aux oppositions tenaces, les opérateurs finissent généralement par chercher des sites plus "dociles".

Précisons que les premiers travaux accadémiques sur la 5G ont démarré au CEA-Léti dès 2009. L'une des premières licences d'expérimentations accordées en France a été donnée en 2016 à Minatec. Désormais, de nombreux chercheurs Grenoblois travaillent sur la 6G, en tout discrétion. Sans aucun débat démocratique sur le sens et les dangers de ces technologies.

À propos de dangers : acouphènes, maux de tête, peau irritée, insomnies... Depuis le déploiement de la 5G à Grenoble, vous vous demandez si vos symptômes ou ceux de vos enfants pourraient être liés à une surexposition aux ondes électromagnétiques ? Pour savoir comment mesurer les ondes électromagnétiques chez vous, vous pouvez contacter : mesuresem.grenoble (at) gmail.com

(Dauphiné Libéré, 09/01/23, 11/01/23, 12/01/23, 10/02/23)

Dépôt d'antennes-relais détruites devant la Préfecture de l'Isère, 1er avril 2023

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LA MNEI EN LIQUIDATION JUDICIAIRE

Cette nouvelle va réjouir celles et ceux qui déploraient son manque de dynamisme et de radicalité : la Maison de la Nature et de l'Environnement de l'Isère est placée en liquidation judiciaire. En cause ? La suppression des subventions du Conseil Départemental en 2016, de la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2020, puis de la Métro cette année.

En attendant un nouveau projet dans ce bâtiment appartenant à la ville de Grenoble, les 38 associations hébergées (dont Gentiana, La Clavette grenobloise, Mountain Wilderness...) devraient conserver leurs locaux.

La MNEI, c'était aussi une excellente médiathèque spécialisée dans l'écologie, avec 10 000 documents, des centaines de livres rares, mais seulement 225 abonné-e-s. Tous ces ouvrages vont-ils être vendus aux enchères ? Un collectif s'efforce de trouver des solutions alternatives. Pour y participer : collectif.mediatheque (at) gmx.fr

Notons qu'une pétition pour que la ville de Grenoble ou la Métro maintiennent la médiathèque a déjà recueilli plus de 1500 signatures.

(Dauphiné Libéré, 24/02/23)

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RETRAITES : VERS UN EMBRASEMENT ?

Terminons par ce qui fait bouillonner Grenoble ! Plus de 50 000 manifestant-e-s le 23 mars selon les syndicats (plus de 30 000 selon la police), énormes manifs sauvages, jet de cocktails molotov sur la Préfecture de l'Isère, barrages filtrants aux portes de Grenoble, opérations péage gratuit à Voreppe, sabotages... Nous sommes manifestement dans une situation pré-révolutionnaire.

Face à l'ampleur de la colère contre une réforme des retraites injuste, les luttes se durcissent, la répression policière aussi. Mais combien de temps les CRS vont-ils soutenir ce gouvernement impopulaire au sein de leurs propres familles ?

L'intersyndicale appelle désormais à "tout bloquer" mardi 28 mars, avec une manifestation à 14h cours Jean Jaurès.

Pour un agenda précis des assemblées générales par secteur d'activité, des opérations de tractages ou de blocages, vous pouvez consulter Démosphère Isère.

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Cette revue de presse vous a intéressé ?

N'hésitez pas à consulter la revue de presse de février 2023, sur la nappe phréatique toxique sous Grenoble, le boum des maisons secondaires, le lancement de La Nébuleuse et du Bocal, l'expulsion du Chantier de Fontaine, etc.

Nous vous recommandons aussi la revue de presse de janvier 2023, sur les sols dioxinés de Pont-de-Claix et de Jarrie, l'algorithme secret de la CAF Isère, le vote du Métrocâble, les stages d'autodéfense féministe, le bilan de 5 ans de collapsologie à Grenoble, etc.

Vous trouverez aussi dans la revue de presse de décembre 2022 plein d'infos sur la nouvelle Maison des femmes, les polémiques autour de la ZFE, les leçons de l'explosion à Jarrie, les chiffres méconnus des armes à feu en Isère, la pénurie de sang, etc.

Vous trouverez aussi dans la revue de presse de novembre 2022 le nombre de vegans dans l'agglo, les menaces pesant sur 20 000 arbres à Grenoble, la fin du garage Solidarauto, la face cachée des livreurs à vélo, etc.

Nous vous recommandons aussi la revue de presse d'octobre 2022, sur les menaces sur l'eau potable à Grenoble, la bombe sous le pont de Brignoud, les chiffres de la "Gremorra", les intox sur les fraudes à la CAF Isère, etc.