Les premières fois

Découvrir les sexualités autrement

Le collectif Les premières fois est né en mars 2024, dans le prolongement d'un week-end de réflexions organisé par le Planning familial Isère sur les adolescent-e-s et les sexualités.

Ces rencontres avaient abouti à quatre constats majeurs, tous issus d'enquêtes sociologiques récentes :

1. La pornographie est désormais le premier éducateur à la sexualité des adolescent-e-s.

À travers internet, les tablettes et les smartphones, les images porno sont omniprésentes. Il suffit de voir la quantité de publicités pornographiques qui surgissent sur les écrans quand un-e ado veut regarder une série ou jouer à des jeux en ligne.

Selon les estimations, plus de 40% des 8-12 ans et plus de 90% des 14-18 ans visionnent des films X.

2. Cette omniprésence du porno mainstream n'est pas sans conséquence.

Les sexualités et les désirs sont des constructions sociales. Ce sont des apprentissages qui s'acquièrent par les modèles proposés, qui guident les comportements et les relations futurs.

En découvrant la sexualité par le porno mainstream, une grande partie des enfants et des ados ne réalise pas les normes dont ils et elles s'imprègnent. Quelle place reste-t-il pour la construction de leurs imaginaires personnels ?

3. Les modèles pornographiques sont dominés par des stéréotypes sexistes et hétéro-normatifs.

L'acte sexuel est presque toujours présenté comme devant prioritairement satisfaire le plaisir des hommes. Les femmes ont souvent un statut passif. La pénétration vaginale est vue comme le passage obligé d'une relation sexuelle.

De nombreux actes sans consentement sont banalisés et peuvent donc avoir tendance à s'imposer dans les premiers rapports sexuels. Chez les filles et les femmes, l'injonction est de se raser les poils du sexe, ce qui peut entraîner des plaies, des vaginoses et des mycoses à répétition.

Au final, pour leurs premières fois, nombreuses sont les adolescentes qui vivent des expériences désagréables, sans plaisir, douloureuses physiquement ou psychologiquement.

4. La plupart des ados se sentent seul-e-s face à leurs questionnements.

En famille, à l'école ou dans leur entourage, de nombreux ados manquent d'espace pour parler du rapport à leur corps, de leur identité sexuelle, de leurs désirs (qu'ils soient hétéro-sexuels, homosexuels, bi...) et de leurs premières expériences sexuelles. Le porno mainstream vient remplir ce vide.

Que faire face à ces réalités ?

Les premières fois est une tentative de riposte féministe locale. Dans une perspective de libération sexuelle, le but est de proposer d'autres manières de découvrir les sexualités, de mettre en avant l'importance du consentement, du plaisir partagé, de rapports sexuels égalitaires et consentis.

Les premières fois rassemble une quinzaine de militant-e-s féministes ou pro-féministes dont plusieurs conseillères conjugales, des animateurs sociaux, des éducatrices spécialisé-e-s, des étudiantes en sociologie, des militant-e- d'association LGBTIQ+ et une sexologue.

Depuis septembre 2024, le collectif mène une campagne expérimentale sur trois ans, à destination des collèges et des lycées de l'agglomération grenobloise.

Les actions menées sont multiples :

- Des petits mangas en format BD

Dessinée par la célèbre illustratrice Déborah Fincher, cette série de petits mangas conçue avec des ados aborde les sexualités de façon ludique, humoristique et parfois provocante, en utilisant des codes et des langages qui parlent aux 10-16 ans. Elle évoque le plaisir féminin, le clitoris, les zones érogènes, les sexualités LGBTIQ+, la masturbation, le porno alternatif, etc.

Ces petits mangas de 8 pages sont distribués gratuitement à l'entrée des collèges et des lycées. Pour susciter une curiosité transgressive, mais aussi laisser une marge de choix aux ados réticent-e-s, chaque manga est diffusé dans un emballage fermé, à décacheter.

- Un numéro téléphonique et une appli réservés aux collégien-nes et lycéen-nes

Accessible 24h/24, ce numéro et cette appli smartphone sont réservés aux questions sur les sexualités.

Plusieurs bénévoles se relaient pour les réponses. Ils et elles redirigent éventuellement les ados vers des structures adaptées : le Planning familial, les associations LGBTIQ+, les Centres de dépistage des IST,  des association de luttes contre les discriminations, des lieux de soutien pour les personnes ayant subi une agression sexuelle ou un viol, etc.

- Une série de petits films érotiques et porno alternatifs

Réalisés avec des acteurs et actrices professionnel-le-s ou parfois amateurs/rices, ces films mettent en scène des rapports sexuels consentis et égalitaires. Ils sont diffusés gratuitement sur le site internet des Premières fois.

Le site propose également de nombreuses questions/réponses sur les sexualités, des documentaires et une collection de scènes pornographiques féministes, égalitaires et LGBTIQ+, en libre-accès.

- Des rencontres autour des sexualités dans les collèges et les lycées

Depuis 2001, la loi demande aux proviseur-e-s d'organiser trois séances d'éducation sexuelle par an, pour chaque classe. Les premières fois propose des interventions pédagogiques et ludiques pour les ados, avec une sexologue talentueuse dans ce domaine.

Pour faciliter la prise de paroles, elle propose des temps de discussion avec différentes formes de non-mixité : des groupes de discusssion entre filles ou entre garçons, entre hétéros ou entre gays, entre lesbiennes, entre trans, etc.

- Des événements publics.

Une fois par mois, Les premières fois organise des projections de documentaires marquants sur les sexualités, des débats, des exposés, des rencontres avec des acteurs et actrices du porno ou des séances de décryptage critique de films X.

Le collectif organise également des soirées-débats à destination des parents, pour échanger sur les sexualités, sur les façons d'aborder le sujet avec ses enfants ou sur les dernières avancées de la sexologie.

Les premières fois est aussi l'occasion pour ses membres de questionner leur propre sexualité, de cheminer sur la compréhension de leurs désirs et de leurs pratiques intimes. C'est l'objectif de rencontres trimestrielles thématiques, dans les environs de Grenoble.

Comment sont financées toutes ces actions ?

Elles sont assurées par les dons de membres, de sympathisant-e-s, de parents d'élèves, d'associations féministes grenobloises et de prestations auprès de l'Éducation Nationale.

Au total, le collectif dispose d'environ 30 000 euros par an. Les deux tiers sont utilisés pour réaliser les mangas et les séries de porno alternatif.

En 2026, Les premières fois a publié un premier bilan de ses actions. En deux ans, le collectif a diffusé 15 000 mangas, organisé 95 événements publics et 130 interventions dans des collèges et des lycées. Il a répondu à 1400 appels téléphoniques, reçu ou redirigé vers des structures spécialisées 500 adolescent-e-s.

De son côté, le site Les premières fois a reçu plus de 2 millions de visites, dont 95% hors Isère (pour visionner les films X alternatifs, comme on pouvait s'en douter...).

Un bilan plus complet est prévu en 2027. Plusieurs lycées et collèges ont déjà annoncé qu'ils souhaitaient participer au financement des premières fois, pour que l'expérience se poursuive et se développe.

ATTENTION, LE COLLECTIF LES PREMIÈRES FOIS N'EXISTE PAS !
IL S'AGIT D'UN SONGE DU MÉDIA ICI GRENOBLE...

MAIS QUI SAIT, UN JOUR ?

Coordonnées

3, rue du doux désir
38100 Grenoble
les-premieres-fois.sexo

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