Qui espionne les militant-e-s à Grenoble ?

C'était un banal boitier électrique, tout en haut d'un banal poteau. Un boitier électrique un peu usé, comme on en voit partout...

Fin 2022, les habitant-e-s des lieux autogérés les Lentillères et les Tanneries de Dijon ont découvert deux caméras d'espionnage dissimulées devant ces lieux militants. Du travail de pro, probablement réalisé en 2019. Une trouvaille qui rejoint la longue liste des micros et caméras de police découverts dans des lieux militants en Europe.

À Grenoble, si ce n'est déjà fait, il serait sans doute pertinent de rechercher méticuleusement la présence de caméras ou de micros aux abords (et l'intérieur) du 38 rue d'Alembert, du 102, du squat Ahwahnee, de la librairie Antigone, du Lokal autogéré, ou encore de l'Université autogérée du campus.

Du matériel de détection thermique ou d'analyse de fréquences peut notamment être utilisé.

Pourquoi Grenoble serait-elle aussi concernée ?

Voilà plusieurs années que le média ici Grenoble le répète : la série d'incendies volontaires depuis 2017 dans l'agglomération a déclenché une vaste opération de surveillance des réseaux militants en Isère.

Outre la mise en place de caméras et de micros, il ne serait pas étonnant que des indics aient été infiltré-e-s à Grenoble, ou encore que le logiciel militaire Pegasus (qui permet de suivre toutes les communications privées d'une personne, quels que soient le support ou le niveau de cryptage) soit utilisé.

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Rappelons la liste des incendies volontaires en Isère :

- 2017 : le CCSTI, 11 véhicules d'Enedis, plusieurs bâtiments et véhicules de la gendarmerie de Grenoble et de Meylan.

- 2018 : du matériel de chantier carcéral de la société Eiffage.

- 2019 :  les locaux de France Bleu Isère, 8 véhicules EDF, l'Église Saint-Jacques et la salle du conseil municipal de la mairie de Grenoble.

- 2020 : une série d'antennes-relais

- 2021 : des installations et des véhicules de Constructel à Sassenage et Brézins

- 2022 : neuf lignes électriques dont une à très haute tension ont été détruites par un incendie sous le pont de Brignoud. On parle de plusieurs millions d'euros de dégâts, perturbant pendant plusieurs heures les usines Soitec et ST Micro. Un poste RTE a également été détruit à Froges la veille. Le 13 avril 2022 à Meylan, un poste source haute tension d'Enedis a également été incendié, privant d'électricité le parc technologique Inovallée plusieurs heures durant.

Suite aux incendies spectaculaires de 2022, les moyens discrets mais exceptionnels (filatures, écoutes, infiltrations, profilages...) déployés depuis plusieurs années à Grenoble par le Ministère de l'intérieur se sont probablement renforcés.

Nous sommes certainement très loin d'imaginer à quel point les milieux contestataires sont surveillés de près en Isère. Certains officiers de police ont probablement une vision d'ensemble des réseaux contestataires plus précise que la plupart des militant-e-s.

Pour le dire autrement, si vous militez à Grenoble, et si vos activités touchent de près ou de loin la contestation de la 5G ou des nanotechnologies, considérez que vous êtes sous surveillance numérique (conversations, internet, réseaux sociaux) et que des indics ou des profilers s'intéressent à vous.

Après la grande journée de perquisitions et d'arrestations du 26 novembre 2019, d'autres vagues de répression policière se préparent-elles à Grenoble ?

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À PROPOS DES INDICS

Combien y-a-t-il de Mark Kennedy à Grenoble ? De 2003 à 2010, cet espion policier infiltrait les réseaux libertaires, en toute discrétion. Serviable et enthousiaste, fan de punk au corps tatoué et aux cheveux longs, il était de tous les combats, multipliait les relations affectives et sexuelles, incitait à commettre des actes illégaux.

Si vous ne vous êtes jamais demandé "Jusqu'où peut aller une infiltration ?", si vous avez des questionnements sur un-e proche ou si vous n'avez jamais entendu parler de Mark Kennedy, nous vous recommandons vivement le documentaire Mark Kennedy, l'alter espion qui m'aimait.

Nous vous recommandons également :

- le petit dossier sur les indics proposé par le média ici Grenoble : Comment reconnaître des indics de la police ?

- Un article du média Lundi Matin sur un indic de Barcelone : Barcelone : un agent de police infiltré dans les milieux libertaires depuis 2020

- Une compilation des micros et caméras trouvés dans des lieux militants : Le site Ears and eyes

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