Double-incendie de Constructel : Les revendications ?
En plein déploiement de la 5G en Isère, deux sites de la société d'installation de fibre optique et d'antennes-relais Constructel ont été incendiés jeudi 18 puis samedi 20 février à Sassenage et Brézins. Sept véhicules et des tourets de câble ont été détruits, une antenne-relais endommagée.
Les revendications suivantes ont été publiées sur Indymedia Nantes (mais rien ne permet de les authentifier) :
"ET SI LES STOCKS DE CABLES VENAIENT À BRULER ?
Nous revendiquons la double attaque en Isère de la société CONSTRUCTEL.
D'abord à Brezins et 48H plus tard à Grenoble.
Sur l'ensemble des deux sites nous avons incendié quelques véhicules (une demi-douzaine), cramé une antenne-relais et surtout mis le feu à des bobines de cables d'antennes et de fibre optique, qui brulent d'ailleurs très bien.
Dans les deux cas le feu était attenant aux hangars et c'est l'intervention très rapide des pompiers qui empêcha une propagation plus vaste au reste du batiment.
Si, pour nous, s'en prendre à des installateurs, des réparateurs ou des fournisseurs de cables fait sens, ce n'est pas pour protester contre la 5G en particulier mais bien dans un cadre plus large, de combat contre le techno-monde.
Nous ne pouvons pas rester spectateurs face à cette méga-machine qui s'étend partout en pillant, détruisant, mesurant et controlant tout ce qui vit.
Il ne nous intéresse plus de se lamenter sans fin sur l'impossibilité de vaincre, ni sur l'illusion de subvertir certaines technologies afin de "hacker" la machine (ce qui peut d'ailleurs être pertinent à certaines occasions au sein d'un conflit multiforme plus large, mais certainement pas représenter une fin en soi).
S'en prendre aux cables c'est assumer de rechercher des cibles moins directement visibles mais qui pourraient s'avérer particulièrement intéressantes combinées à d'autres.
Que pourrait il se passer, dans un contexte où des antennes relais étaient régulièrement prises à partie, si les stocks de cables venaient eux-mêmes à brûler ?
Nous voulons saluer tous les incendiaires qui agissent dans l'ombre en ce moment et portent des coups répétés à cet enfer technologique.
Nous voulons aussi remercier ceux et celles qui en plus d'avoir le sang chaud gardent la tête froide, se préparent et réfléchissent aux moyens de leurs actions ; nous inspirant dans leurs combats et réflexions.
Nous voulons envoyer une pensée remplie de force aux compas en Italie qui malgré la répression, dure et systématique, continuent à maintenir la flamme en vie.
Enfin, nous voulons envoyer une pensée solidaire spéciale aux 7 poursuivis pour terrorisme, dont les mots qui sont posées par leurs amis et les actes qui leurs sont reprochés nous font échos (leur innocence ou leur culpabilité ne nous intéressent pas ici).
Car cela demande du courage de sortir des fausses évidences et des logiques mouvementistes qui restent toujours dans l'attente d'un énième mouvement social.
Car cela demande du courage de s'entrainer, de créer ses propres temporalités, de choisir quand et comment on affronte l'ennemi et sur quel terrain.
Car cela demande du courage d'assumer ses idées et pratiques de révolte au sein d'un monde lisse, uniforme et gris.
Cela demande du courage, mais c'est le plus beau des chemins.
La catastrophe n'est pas que tout s'arrette mais que tout continue comme avant.
Guerre au système techno-industriel et à sa normalité.
Des lycanthropes."
Rappelons que le 5 septembre 2020, une antenne-relais a été détruite à Pact dans le Nord-Isère. Et le 18 mai 2020, plusieurs installations de télédiffusion et antennes-relais ont été incendiées ou dégradées à Herbeys, Jarrie et Saint-Nizier (des revendications ont été publiées sur Indymédia Nantes).
Ces nouveaux incendies volontaires s'inscrivent dans une liste désormais longue dans l'agglomération grenobloise : le CCSTI, 11 véhicules d'Enedis, plusieurs bâtiments et véhicules de la gendarmerie de Grenoble puis de Meylan en 2017 ; du matériel de chantier carcéral de la société Eiffage en 2018 ; les locaux de France Bleu Isère, 8 véhicules EDF, l'Église Saint-Jacques et la salle du conseil municipal de la mairie de Grenoble en 2019.
Précisons également qu'une centaine de destructions d’infrastructures de télécommunications ont été recensées en France en 2020.
* * *
LA 5G À GRENOBLE, OÙ EN EST-ON ?
Depuis le 18 novembre, quelques mois après les déclarations du président Macron associant les opposant-e-s à la 5G à des "Amish", l'État français a autorisé l'activation des premières fréquences 5G en France.
Cependant, un recours juridique a été lancé : le "collectif des 500" a assigné les quatre opérateurs de téléphonie mobile en justice. Il demande une expertise indépendante pour vérifier que toutes les précautions sanitaires ont bien été prises pour le déploiement de ce nouveau réseau.
À Grenoble, la 5G a été expérimentée discrètement en 2019 puis en 2020 par le Commissariat à l'Énergie Atomique de Grenoble, et probablement dès 2017 au sein de Minatec. La mairie de Grenoble affirme ne pas avoir été informée ni consultée pour ces essais (1).
Fin 2019, la mairie a refusé l'installation d'antennes 5G à Grenoble. Au moins deux opérateurs ont déposé des recours juridiques, dont deux contentieux. Juridiquement, le pouvoir des communes contre l'implantation d'antennes est très faible.
De fait, selon l'Observatoire du déploiement de la 5G, les sites Antennes Mobiles et CartoRadio, plus d'une centaine d'antennes 5G sont déjà déployées et activées dans l'agglomération grenobloise (365 en Isère). Leurs emplacements précis sont désormais publics.
Mais au fait, comment fonctionne le nouveau réseau d'ondes très haute fréquence 5G ? À quoi sert-il exactement ? Quels sont les enjeux économiques, politiques mais aussi policiers ? Quelles sont les études épidémiologiques ?
Pour comprendre les enjeux de la 5G, voici l'enquête passionnante réalisée par le média Reporterre en six épisodes :
1. Plongée dans l’univers de la 5G : merveille ou cauchemar ?
2. La 5G, des fréquences, des antennes et des craintes
3. La 5G, pactole ou fantasme économique ?
4. Avec la 5G, demain, tous surveillés
5. La 5G ignore les enjeux écologiques
6. La 5G se déploie alors que ses effets sur la santé ne sont pas évalués
Pour en savoir plus sur la pollution électromagnétique, nous vous recommandons également une interview de Marie Milesi, coordinatrice d'un livre publié en 2018 aux éditions Terre Vivante : La pollution électromagnétique.
Enfin, pour approfondir les réflexions sur la 5G, nous vous conseillons une émission de France Culture sur l'espionnage numérique et les enjeux industriels : 5G, la grande bataille a commencé.
Une pétition contre la 5G peut être signée ici.
(1) Dauphiné Libéré, 12/07/2020