France Bleu Isère incendiée : Les revendications ?

05/02/2019
france-bleu-60e66ad611daa428565872.jpg

Dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 janvier 2019, les locaux de France Bleu Isère ont été incendiés, au rez-de-chaussée du 27 avenue Félix Viallet. Les flammes ont heureusement été maîtrisées avant de s'étendre aux habitations et à l'hôtel adossés à la radio, ne causant aucun-e blessé-e. Les dégâts sont en revanche importants, obligeant la radio à cesser d'émettre quelques temps.

Mardi 29 janvier, cet incendie a été revendiqué sur Indymedia Nantes. Voici le contenu de l'article publié :

* * *

Radios : du siège à la tour

"De tous les dompteurs de for interieur qui existent, celui que je déteste le plus, le journaliste" Anonyme

Ici, on n'apporte rien de neuf contre les industriels d'hypnoses collectives, contre les fabricants de subjectivités consentantes à la société existante. Beaucoup font couler l'encre à propos des médias* pour les critiquer, peu font couler l'essence dans leur locaux pour les incendier. A celà on remédie. Dans les bureaux des radios dans le centre-ville, lundi. Dans la tour hertzienne en périphérie, cette nuit.

" Ce que les incendiaires convoitent, que les flammes s'en saisissent" Anonyme

Ce texte porte sur les relations qu'entretiennent les forces hostiles à ce monde avec les médias de ce même monde. Disons d'emblée qu'on n'est pas de celleux qui s'imaginent "utiliser" ou "détourner" les moyens médiatiques pour diffuser des discours subversifs. Il ne s'agit plus d'échapper aux ciseaux de la censure, de lézarder les murs de la pensée unique avec des idées obliques. La démocratie, pleine de sollicitude, invite son opposition à participer aux grands jeux médiatiques. Elle ne tue pas la pensée de ses adversaires en les faisant taire mais en les faisant parler.

On se souvient encore du burlesque Burnel co-animant un plateau télé pour vendre "A nos amis". Ce soir-là, le commercial de Tarnac produisait, outre de la visibilité pour son bouquin, de l'audience et de la légitimité à la fiction parlementaire. Faire usage des médias revient à se mettre au service de la représentation démocratique. Ces réflexions nous amènent à les déserter et à les attaquer parfois.

Par ailleurs, captiver ou capturer les attentions dépend moins de la qualité du message que de la force de frappe de l'appareil émetteur. Saurait-on rivaliser avec les technologies de communication ennemies qu'on s'y refuserait, car la captivité nous répugne. On leur laisse les masses, emmurées de bruit et d'actualités. Si tu n'as pas d'acouphène, tu peux tendre une oreille ; nos mots, on entend les murmurer.

Au delà de la métaphore, on a choisi Indymédia pour éventer ce communiqué. Parce qu'il permet d'être lu·e·s par des compas' connu·e·s ou inconnu·e·s, parce qu'il "garantit" notre anonymat et qu'il est libre pour la publication.

Un grand bravo aux courts-circuits de l'église St-Jacques. Un autre aux révolté·e·s qui trinquent, qu'on traque, qui vaquent à ce que leurs chaînes craquent, à ce que la normalité se détraque. Un bravo aux individu·e·s, enfin, qui, par monts et par vaux, perpétuent l'attaque et veulent tout mettre à sac.

*Ici et idem ensuite, "médias" renvoit aux médias de masse sous leurs 4 formes dominantes : télévisuelle, radiophonique, presse et numérique."

* * *

Ce texte de revendications est-il crédible ? Selon le Dauphiné Libéré, "certains éléments précis correspondent avec les constatations effectuées dans les locaux de France Bleu Isère." Un relais TDF à Haute-Jarrie a effectivement été incendié dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 janvier.

À suivre...

Ce nouvel incendie intervient dans un contexte particulièrement tendu : mardi 22 janvier, dans le cadre de l'enquête sur les incendies de locaux et de véhicules de la gendarmerie à Grenoble puis à Meylan en 2017, la police a mené plusieurs perquisitions dans l'agglomération grenobloise (squats, appartement, local associatif), avec saisie de matériel informatique.

Nous attendons des recoupements d'informations pour communiquer plus précisément sur la situation.

Rappelons que plusieurs actions directes de grande ampleur ont marqué l'agglomération en 2017 : l'incendie du CCSTI, l'incendie de véhicules d'Enedis, l'incendie de locaux et de véhicules de la gendarmerie à Grenoble puis à Meylan, le sabotage de 180 valideurs de la TAG.

L'année 2018 a également été marquée par l'incendie anti-carcéral d'une dizaine d'engins de chantiers, de véhicules et une partie de l'entrepôt de la société Eiffage à Saint-Martin-d'Hères.

Depuis bientôt deux ans, plusieurs dizaines de policiers et de militaires cartographient les milieux contestaires en Isère et préparent des actions. Des convocations, perquisitions, saisies de matériel, filatures et mises sur écoute étaient à redouter depuis des mois. Dans le même temps, des "indics" ont probablement tenté ou réussi à infiltrer des réseaux contestataires de l'agglomération, ou été recrutés en leur sein par des méthodes de chantage.

Si vous n'avez rien à voir avec ces incendies, mais que vous n'avez pas envie de vous faire surveiller, nous vous recommandons vivement la lecture des Guides d'autodéfense numérique et du manuel Face à la Justice, face à la police.

* * *

À propos des infiltrations policières

Nous vous recommandons deux articles publiés sur ici Grenoble :

- Les indics de la police : Deux témoignages grenoblois

- Reportage : Comment la police infiltre les réseaux militants

Photo : DR France 3