Minatec

Centre de recherches en micro et nanotechnologies

Le 1er juin 2006, un millier de personnes ont manifesté contre l'inauguration du centre de recherches Minatec de Grenoble.

Pourquoi ?

Avant d'expliquer les raisons de cette contestation, voici une courte présentation officielle de Minatec :

Minatec est le plus grand centre de recherches européen en micro et nanotechnologies, c’est-à-dire l’étude et la conception de technologies à l’échelle du nanomètre (un milliardième de mètre).

Établissement public sous tutelle du Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble (CEA-Grenoble), il regroupe plus de 2000 chercheurs, un millier d’étudiants et plusieurs centaines d’industriels.

Inauguré en juin 2006, le centre Minatec a coûté plus de 150 millions d’euros, essentiellement financés par l’État, les collectivités locales et le CEA. Il dispose de salles blanches, de nombreux laboratoires de chimie, de biotechnologies et d’électronique.

Il héberge l’école d’ingénieurs Phelma, spécialisée en physique, électronique et conception de matériaux, ainsi que plusieurs « start-ups » émanant du CEA.

Voici maintenant les raisons pour lesquelles ce centre de recherches en nanotechnologies a suscité de vives oppositions à Grenoble :

Début 2006, pour protester contre la création de Minatec, plusieurs dizaines de personnes ont formé l’Opposition grenobloise aux nécrotechnologies (OGN).

Ce collectif a diffusé plus de 50 000 tracts dans l’agglomération grenobloise, organisé une cinquantaine de réunions publiques.

Le premier juin 2006, OGN a appelé à une manifestation contre l’inauguration de Minatec rassemblant entre 800 et 1000 personnes.

Le jour de la manifestation, le quartier entourant Minatec était verrouillé par les forces de police, et les manifestants violemment chargés, gazés et dispersés. Le lendemain, jour de l’inauguration officielle de Minatec, la police quadrillait le centre-ville de Grenoble, contrôlant toute personne suspectée d’appartenir au mouvement d’opposition OGN, postant des snipers sur certains toits entourant le centre de recherches, arrêtant sans raison valable certains membres du collectif OGN espionnés depuis plusieurs mois par les services de renseignements français.

Les raisons pour lesquelles de nombreuses personnes ont manifesté contre Minatec peuvent se résumer ainsi :

  • « Minatec a été décidé sans débat public démocratique » : l’idée de construire ce centre de recherche a été lancée en 1998 par les principaux responsables du CEA-Grenoble. Rendue publique en 2000, cette décision a été rapidement validée par la mairie de Grenoble et le Conseil général de l’Isère, sans aucun débat public large et démocratique, sans évaluation approfondie de ses conséquences sanitaires et environnementales. Enfin, Minatec est une structure opaque, interdite au public, soumise au secret-défense et au secret-industriel.
  • « Minatec sert des fins militaires » : le CEA-Grenoble, principal acteur de Minatec, est partenaire de la Direction générale de l’armement (DGA). Les nanotechnologies ouvrent la voie vers de nombreuses applications militaires : missiles intelligents, drônes de combat ou de surveillance, nano-armes, cuirasses de fantassin, allègement des équipements, systèmes d’espionnage miniaturisés, etc. Ce lien entre l’Armée et Minatec, systématiquement présenté comme un centre de recherche civile, fait partie des sujets généralement occultés dans les médias et les discours officiels.
  • « Minatec utilise des fonds publics à des fins privées » : financé par l’État et les collectivités locales, ce laboratoire de recherches produit des inventions brevetées par des chercheurs et utilisées par des industries à titre lucratif. Une fois de plus à Grenoble, des chercheurs et des industriels utilisent des subventions et des structures publiques pour faire du profit capitaliste. Estimé à plusieurs milliards de dollars à l’horizon 2015, le marché des nanotechnologies fait partie des « nouveaux eldorados » industriels.
  • « Minatec développe des nanotechnologies probablement dangereuses pour la santé » : aucune étude épidémiologique approfondie et indépendante sur les conséquences sanitaires des nanotechnologies n’a été réalisée en France. Certaines études, médiatisées en particulier par le média grenoblois Pièces et Main d’Oeuvre, alertent cependant sur la toxicité et le caractère cancérigène des nanoparticules, en particulier dans le domaine des cosmétiques.
  • « Minatec développe des technologies de contrôle totalitaires » : caméras miniaturisées, micropuces de traçage RFID, systèmes de vidéosurveillances capables de reconnaître automatiquement des visages ou des comportements… Les nanotechnologies ouvrent la voie vers des outils de contrôle et de surveillance qui feraient rêver les pires dictatures.
  • « Minatec développe des gadgets inutiles et polluants » : une grande partie des recherches menées à Minatec concerne le développement de systèmes électroniques pour des consoles de jeux, des télévisions, des ordinateurs, des robots domestiques, des capteurs automobiles, des GPS, des montres et de nombreux autres gadgets à obsolescence programmée qui finiront en déchets électroniques. Dans un monde de plus en plus pollué, où nos besoins sont de plus en plus suscités par l’industrie publicitaire, ce type de recherches constitue-t-il vraiment une priorité ?

Coordonnées

3, parvis Louis Néel
38000 Grenoble
www.minatec.org/

label...