Domicile inter-générations isérois
Habitat partagé entre jeunes et séniors
Créée en 2005, l’association Domicile inter-génération isérois propose des partages de domicile entre une personne âgée et un-e étudiant-e.
L’objectif est d’encourager l’entraide entre des personnes en situation de solitude et des étudiant-e-s à la recherche d’un logement à prix modique.
L’association DIGI n’est cependant pas une agence immobilière :
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Proposer ou demander une chambre à l’association implique de partager cette initiative solidaire et d’adhérer à son projet ;
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La personne accueillante s’engage à la gratuité du logement, en contrepartie l’étudiant-e n’a qu’une participation aux fluides (eau, gaz, électricité) de 50€ / mois et s’engage à rendre de petits services et à tenir compagnie à la personne âgée (sans se substituer aux services d’aide à la personne à domicile). Une adhésion à l'association DIGI, de l'ordre de 180€ par an, est également demandée.
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Peuvent entrer dans le dispositif les personnes accueillantes propriétaires ou locataires, même les personnes occupant le parc social moyennant l’accord du bailleur ;
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L’adhésion à l’association n’est pas limitée aux personnes seules, les couples peuvent aussi être des accueillants ;
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Les « services » rendus par l’étudiant-e peuvent être d’ordre matériel (bricolage, petites courses, accompagnement à l’extérieur…) mais surtout d’ordre convivial (tenir compagnie à la personne âgée, regarder la télévision à ses côtés, partager son repas, être une présence sécurisante…).
Le dispositif DIGI est le médiateur de ces échanges intergénérationnels : elle offre un cadre "contractuel" et sécurisé des échanges, mais également la possibilité pour les deux parties d’avoir, durant toute l’année universitaire, un correspondant attentif à résoudre les petits différends inhérents à toute cohabitation.
Depuis quelques années, l'association DIGI expérimente également des dispositifs de colocation inter-générationnelle dans des immeubles de Grenoble (voir interview ci-dessous).
En 2021, DIGI avait mis en place 97 cohabitations. Au total, depuis 2005, 1 125 binômes ont été créés en Isère. (Dauphiné Libéré, 30/08/22)
Entre 2005 et 2015, DIGI avait mis en relation environ 1000 personnes en Isère. En 2016, il existait environ 80 binômes d'habitation jeunes/seniors mis en place à travers ce dispositif. La moyenne d'âge était de 82 ans pour les seniors, 25 ans pour les étudiant-e-s (Sources : DIGI).
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Pour en savoir plus sur DIGI, nous vous proposons l'interview ci-dessous, réalisée par le média ici Grenoble en novembre 2015.
Le contexte : Depuis quelques années, DIGI mène une expérience d'habitat inter-générationnel dans le quartier Mistral, entre une colocation étudiante et une trentaine de femmes âgées. Pour en savoir plus, Ici Grenoble a rencontré Eva, qui participe à cette expérience depuis deux ans.
ici Grenoble : Peux-tu nous expliquer les particularités de ton logement ?
Eva : C'est un dispositif mis en place par l'association DIGI. Nous sommes trois étudiant-e-s en colocation dans un HLM du bailleur de logements ACTIS, dans le quartier Mistral de Grenoble. C'est en quelque sorte un échange de services qui arrange tout le monde : nous habitons un appartement en réglant seulement les charges (Actis touche également nos aides au logement APL), en contrepartie nous rendons visite aux personnes âgées de l'immeuble, qui en compte une trentaine. Le but est de soutenir des étudiant-e-s subissant la crise du logement, et de sortir des personnes âgées de leur isolement, en encourageant les liens inter-générationnels.
Depuis combien de temps vis-tu dans cet immeuble ?
Avec Alida, cela fait déjà deux ans que nous y habitons. Le contrat s'étend sur trois ans maximum, suite à quoi le projet sera relocalisé dans un autre immeuble d'Actis. A l’issue des trois ans, il nous sera possible de rester dans le logement, mais hors du partenariat avec l’association DiGi, donc avec un loyer, mais faible, car c’est du logement social.
Combien êtes-vous à disposer de tels logements sur Grenoble ?
Il y a actuellement quatre logements similaires à Grenoble, et un supplémentaire le mois prochain. Il y a aussi des projets sur Bourgoin-Jallieu et Villefontaine.
Depuis quand ce projet d'habitat inter-générationnel a-t-il été lancé ?
C'est assez récent. Cela fait environ cinq ans que ce projet existe, mais l'association DiGi existe depuis plus longtemps : elle a pour principal objet social de créer des binômes permettant à un étudiant/jeune travailleur d'avoir une chambre chez une personne âgée, en participant aux charges (c'est la seule contrainte financière), en échange d'une présence rassurante et de menus services.
Qui sont les personnes âgées qui habitent ton immeuble ?
Notre immeuble a une particularité : il a été construit en 1953 pour les familles des ouvriers de l'usine Neyrpic, actuellement Alstom. Nombreuses sont les mères de ces familles à se retrouver actuellement seules dans ces logements. Certaines ont passé leurs 90 ans. Quelques-unes n'ont pas d'enfants, et pour celles qui en ont, ils habitent souvent très loin... Le quartier a beaucoup changé avec les années, et elles ne se sentent pas très rassurées. Il était nécessaire de créer, de renforcer des liens, notamment ceux entre différentes générations.
Quelles activités pratiques-tu avec les personnes âgées ?
Nous passons tout simplement du temps à discuter, souvent autour d'un thé. Nous organisons également des après-midis festives pour échanger autour d'un verre, dans le parc, une salle des fêtes ou bien chez nous. L'association DiGi a fait venir à plusieurs reprises des intermittents du spectacle pour animer ces rencontres. Quelques fois nous allons à un spectacle de quartier avec les personnes âgées. Nous pouvons aussi les accompagner pour une visite à un de leurs proches en maison de retraite par exemple. Ce qui limite beaucoup les possibilités d'activités, c'est la grande difficulté de déplacement de la plupart des personnes âgées de l'immeuble. Certaines ne sortent même jamais de chez elles.
Quel est le contrat qui vous lie à Actis ?
Le bailleur de logement Actis stipule dans notre contrat que nos visites doivent correspondre à cinq heures par semaine chacun-e, autrement dit quinze heures par semaine réparties sur trois étudiant-e-s. Nous avons mis en place un document en ligne, accessible par l'association DiGi, sur lequel nous inscrivons chaque visite rendue. Cela permet un suivi assez précis de nos actions. Ceci étant dit, il n'y a pas de pression : c'est avant tout pour le plaisir que nous rendons visite à nos voisines. Nous répartissons aussi nos visites en fonction des disponibilités et des attentes de chacune. L'association DiGi est là pour s'assurer que les étudiant-e-s prennent bien part au projet...
Avez-vous été "formées" pour l'accompagnement des personnes âgées ? Avez-vous par exemple des temps avec des psychologues, ou des sensibilisations aux problématiques de la vieillesse ?
Non. Celles et ceux qui prennent part à ce projet sont bien souvent déjà sensibilisé-e-s de part leur entourage ou leur formation. Alida est par exemple en Master de sociologie du vieillissement, et pour ma part j'ai toujours été entourée de personnes âgées. Il est question simplement d'écoute, d'empathie et d'investissement personnel.
Est-ce que tu penses que cette expérience t'a changé ?
Comme c'est donnant-donnant, cette expérience apporte beaucoup, et notamment une meilleure impression des besoins liés au vieillissement, des difficultés de l'isolement, du manque de lien inter-générationnel et de ce que la société y perd en ayant ainsi perdu de vue ses aîné-e-s... Personnellement, j'ai envie de continuer dans ce sens, d'avoir un emploi qui crée du lien.
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