Chemin faisant

Chroniques d'une vie sans bagnole

Créé en 2021, le site internet Chemin faisant rassemble des expériences, des analyses et des idées pour une "vie sans bagnole" dans l'agglomération grenobloise.

Voici le texte fondateur de ce projet :

"Si, malheureusement, certains territoires et certains modes de vie contraignent à vivre avec une bagnole, pour aller bosser, pour se nourrir, se divertir ou pour faire ses démarches diverses, force est de constater que quand on vit dans l’agglomération la plus plate de France, qui plus est en milieu urbain relativement dense, bien desservi et fourni en services, se passer volontairement de voiture paraît relativement aisé et justifié.

Et pourtant, à Grenoble comme ailleurs, faites le compte autour de vous et vous constaterez que peu de gens, et sans doute encore moins des familles, font le choix de ne pas en avoir (et de ne pas en louer une, ou s’en faire prêter, tous les 4 matins), quand bien même ils et elles en possèdent une juste pour les loisirs…

Ce carnet est donc d’abord là pour montrer que l’on vit bien sans bagnole dans cette cuvette saturée mais attachante : pour peu que l’on ne calque pas ses envies de mobilité sur la ‘culture du tout-bagnole’, une multitude de solutions existent en effet pour satisfaire autrement nos besoins de bouger, à proximité ou au-delà.

Marcher et pédaler évidemment, mais aussi monter dans un bus, un tram ou un train, pour profiter de ce que le coin de la rue, le quartier ou les premiers bouts de forêts et les près et champs qui touchent la ville ont à nous offrir : les possibilités sont inépuisables. Et le plaisir est souvent au rendez-vous, ne serait-ce que celui de savoir qu’on contribue, mine de rien, par l’acte et par l’exemple, à construire un monde plus beau et plus juste. Rien que ça.

Commençons par déconstruire l’imaginaire de la bagnole

La voiture et son monde sont une drogue dont les ravages, contrairement à la clope ou à la boisson, sont encore largement escamotés : ces boites en métal d’une tonne peuvent passer devant une école à 50 km/h (ou même 30 km/h : qu’importe, ça reste dangereux quoi qu’il en soit), et raser des gamins qui ne dépassent pas les rétroviseurs sans que ça ne choque la majorité des gens.

Dans le même ordre d’idée, il y a 40 ans de ça, laisser ces mêmes gamins (enfin leurs parents) enfermés pendant des heures dans une pièce enfumée était normal. Les mentalités évoluent, les connaissances et les perceptions également, et aujourd’hui le tabagisme passif n’est plus toléré.

Mais alors, comment se fait-il qu’on continue à vivre, sans broncher ou presque, dans un monde saturé à ce point-là de bagnoles, avec tous les méfaits, proches ou lointains, que cela engendre ?

Probablement que l’usage de la voiture ne serait pas si dominant et ses méfaits ne seraient pas tant tolérés si l’imaginaire de la bagnole et de son monde n’était pas profondément ancré dans nos têtes, modelé par des décennies de matraquage publicitaire.

Tous les moyens sont donc bons pour déconstruire cet enfumage généralisé, en partie inconscient : asséner les chiffre-massue des accidentés ou des taux de pollution, mettre en regard la réalité et la perception qu’on en a, tisser des contre-récits…

C’est en tout cas ces recettes que je tente, modestement mais avec confiance, de mettre en oeuvre dans ce carnet.

Vers un monde dévoituré

Un monde qui lâcherait la voiture… c’est tout un univers de possibles qui s’ouvre, fait de ré-appropriation des espaces, de re-connexion avec ce qui nous entoure, de ré-ensauvagement de nos vies.

Plus concrètement, des rues qui deviennent plus sûres et vivables, un air qui n’agresse pas, du goudron et du béton qui regressent et laissent la place à de la vie animale et végétale, des relations humaines qui s’intensifient : de quoi rendre autant désirable le coin de la rue, que l’autre bout du monde où l’herbe n’est pas forcément plus verte…

Alors, laissons-nous aller à imaginer ce nouveau monde et posons-nous la question : comment occuperons-nous cette rue, ce parking, cette autoroute ou cette zone commerciale une fois que les bagnoles n’y circuleront plus ?"

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