2023 : Cinq suspens à Grenoble

04/01/2020
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Que va-t-il se passer à Grenoble en 2023 ?

Voici cinq suspens politiques, cinq séries de questions que l'équipe d'ici Grenoble se pose tous les matins ou presque.

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1. Un grand mouvement social va-t-il enfin éclater ?

Après deux ans de pandémie étouffant les luttes, puis le succès désespérant des partis de droite et d'extrême-droite aux présidentielles et aux législatives, combien de temps va durer l'état de "morosité" politique dans lequel nous baignons ?

La réforme des retraites, l'approfondissement de la récession et/ou une nouvelle annonce-choc du gouvernement vont-elles sortir de la torpeur les millions de personnes qui ne supportent plus cette société inégalitaire ? De nouvelles formes de contestation vont-elles surgir, à l'image des Gilets Jaunes en 2018 ? Le lancement des ZFE, une mesure particulièrement injuste, pourrait-il allumer la mèche ?

De manière générale, face aux triomphes du capitalisme autoritaire depuis 2017 (loi travail, baisse de la fiscalité pour les plus riches, dégradation de l'assurance-chômage, loi SNCF, durcissement des politiques migratoires, accord CETA, racisme et violences policières...), va-t-on enfin vivre cette année une convergence des luttes victorieuse, un contre-pouvoir populaire face au gouvernement, un pays bloqué par des millions de grévistes, comme lors des grandes grèves de 1995 ?

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2. Les luttes "pour le Climat" vont-elles passer un cap ?

À Grenoble, les Marches pour le Climat ont connu un succès exceptionnel. Puis le covid est arrivé. Après trois années les plus chaudes jamais mesurées en France et des scénarios d'emballement climatique de plus en plus crédibles, de nouvelles mobilisations de grande ampleur vont-elles reprendre ? Combien de temps la jeunesse, notamment, va-t-elle accepter le saccage de son avenir ?

De nouvelles catastrophes aussi sidérantes que les méga-feux en Australie ou la destruction de la Vallée de la Roya vont-elles créer de fortes mobilisations ? Le collectif Extinction Rebellion Grenoble va-t-il prendre de l'ampleur ? De nouveaux groupes de luttes écologistes radicales vont-ils surgir, à l'image des Soulèvements de la Terre ?

Et surtout, ces luttes généralistes vont-elles se concrétiser par un fourmillement d'engagements précis et locaux, par exemple contre le méga-centre commercial Neyrpic ou l'agrandissement de la route du Trièves, des luttes qui mériteraient davantage de mobilisations ?

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3. Quel sera le prochain "coup d'éclat" des luttes pour le droit au logement ?

À nos yeux, le mouvement politique le plus dynamique de l'agglomération depuis huit ans est l'association Droit Au Logement Isère. Ces luttes réussissent à rassembler des personnes de tout âge, de tout horizon social et politique, avec des actes de convergence, d'entraide et de créativité impressionnants.

Cet élan exceptionnel va-t-il se poursuivre en 2023 ? Après le succès des luttes autour de la réquisition d'un immeuble des cités de l'Abbaye, puis les occupations de places et d'écoles, d'autres réquisitions spectaculaires vont-elles être lancées cette année ?

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4. Qu'est-ce qui va brûler ?

Après le Pont de Brignoud en avril 2022 ; des installations et des véhicules de Constructel en 2021 à Sassenage et Brézins ; une série d'antennes-relais en 2020 ; les locaux de France Bleu Isère, 8 véhicules EDF, l'Église Saint-Jacques et la salle du conseil municipal de la mairie de Grenoble en 2019 ; du matériel de chantier carcéral de la société Eiffage en 2018 ; le CCSTI, 11 véhicules d'Enedis, plusieurs bâtiments et véhicules de la gendarmerie de Grenoble puis de Meylan en 2017, de nouveaux "incendies politiques" vont-ils éclater dans l'agglomération en 2022 ?

Les moyens discrets mais exceptionnels (filatures, écoutes, infiltrations, profilages...) déployés en Isère par le Ministère de l'intérieur vont-ils créer un effet dissuasif ? Combien y-a-t-il d'indics dans les milieux contestataires en Isère ? Le logiciel Pegasus est-il utilisé pour espionner certain-e-s militant-e-s ? Après la grande journée de perquisitions et d'arrestations du 26 novembre 2019, d'autres vagues de répression policière se préparent-elles à Grenoble ?

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5. Qu'est-ce qui va naître ?

Quels seront les nouveaux lieux, les nouvelles associations, les nouveaux collectifs de luttes dans l'agglomération en 2023 ? Alors que la BAF va bientôt disparaître, le projet de nouveau centre social autogéré (le GNOUP) va-t-il se concrétiser ? Le Chantier de Fontaine va-t-il survivre ou trouver un autre lieu ? Le Resto Malap va-t-il se pérenniser ?

De manière générale, maintenant que le plus fort de la pandémie semble derrière nous, va-t-on assister à un regain d'engagements et d'ouverture aux autres, ou au contraire à des habitudes de repli sur soi et de méfiance pour tout ce qui est inconnu ? Certaines créations feront-elles écho à notre rubrique Rêvons un peu ?

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Quelles seront les réponses à toutes ces questions ?

À suivre... sur le média ici Grenoble !